Doléances n Ce sont 3,5 millions de personnes âgées qui réclament une attention particulière qu'elles veulent voir se traduire par un suivi médical, paramédical, psychologique et social. L'allongement de l'espérance de vie, passant de 48 ans au lendemain de l'Indépendance à 76,6 ans en 2008, a engendré beaucoup de changements, en particulier dans les comportements. A commencer par la cellule familiale qui se désagrège de jour en jour. On est passé de la famille élargie constituée des enfants, petits-enfants et grands-parents à la famille nucléaire avec exclusivement les parents et leurs enfants. On évalue d'ailleurs à 70% le taux de familles nucléaires, notamment dans les villes. Nos seniors ne sont donc pas aussi protégés qu'on peut le croire. Ainsi devant un manque de plus en plus flagrant d'un esprit de solidarité intergénérationnelle, qui a pourtant caractérisé les Algériens par le passé, l'on se demande comment les personnes du 3e âge font pour supporter des conditions de vie qui répondent rarement à leurs besoins ? Disons que pour ceux et celles qui ont un minimum d'autonomie, la question ne se pose même pas. En bonne santé, ils continuent à mener une vie à leur rythme et suivant leurs propres habitudes. En revanche, pour les moins autonomes, la situation est beaucoup plus compliquée. Ces personnes sont souvent obligées de renoncer à certaines activités quotidiennes telles que préparer leurs repas, faire leurs courses, se déplacer pour leurs rendez-vous médicaux et autres. La présence d'une auxiliaire de vie, qu'elle soit familiale ou rémunérée, s'avère impérative pour cette catégorie. Les enfants s'organisent, dès lors, pour répondre, tant bien que mal, aux multiples sollicitations de ces parents devenus dépendants malgré eux. Il n'est, cependant, pas rare que le service proposé ne soit pas à la hauteur des aspirations de ces ascendants. A tort ou à raison, les «aînés» voient en certaines attitudes de leur progéniture un manque de volonté à les prendre en charge. Le fils ou la fille seront alors condamnés et culpabilisés pour leur «impuissance» face à une telle situation. Une réalité difficile pour les deux parties en l'absence d'une stratégie de prise en charge efficace en faveur des personnes du troisième âge. Car c'est de cela qu'il s'agit. Si nos «aînés» ont besoin de chaleur familiale, une prise en charge médicale appropriée est doublement souhaitée pour qu'ils puissent finir leurs jours dans la dignité. Ils sont en effet très vulnérables aux maladies du vieillissement, tels le diabète, les rhumatismes, l'hypertension et la maladie d'Alzheimer. La formation des spécialistes en matière de suivi médical des personnes âgées dans les centres hospitaliers est malheureusement très peu prise en compte. Mohamed Lamara, président de la commission de l'éthique médicale de la faculté de médecine d'Alger, a largement mis en exergue récemment les défaillances de la stratégie hospitalière mise en place en faveur de ces personnes. A toutes ces difficultés médico-sociales, les autorités nous proposent des centres d'accueil qui s'apparenteraient plus à des orphelinats qu'à autre chose. Par indifférence ou mépris, nos «vieux» sont confrontés aujourd'hui à une misère sociale et médicale indescriptible. Et ce ne sont pas les déclarations et promesses du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille qui y changeront quelque chose. Les liens de solidarité qui persistent encore dans certaines régions du pays continuent à protéger les parents âgés. Mais pour combien de temps encore ?