InfoSoir : Ces actes de violence sont-ils le fruit d'une inconscience ? A. Arrar : A travers le numéro vert (3033), installé en 2008 pour dénoncer toute violence et toute violation contre les enfants, on a constaté que les causes principales de cette violence, ce sont les conflits au niveau de la famille et l'absence d'alternatives et de mécanismes qui gèrent ces conflits. Et là, les acteurs utilisent la violence pour régler des situations de conflit et la première victime, c'est toujours l'enfant. Ce dernier est exposé à différentes situations : abus sexuel, violences physiques et morales. On déplore l'absence d'alternatives et de mécanismes d'urgence, qui interviennent sur-le-champ pour protéger l'enfant et le mettre hors danger, régler la situation des conflits au sein de la famille, avant d'aller vers les procédures judiciaires et les procédures sociales. On constate qu'il y a de la violence même au niveau des quartiers, même dans les espaces publics. Et même des enfants sont utilisés dans cette violence. D'où la nécessité d'aller vers une assise solide par rapport à la protection au niveau familial, institutionnel et les espaces ouverts pour les enfants. Y a-t-il justement des centres d'accueil pour les enfants victimes ? Malheureusement, il n'y en a pas assez. Par exemple, pour les victimes d'abus sexuels, il n'y a pas de centres d'accueil spécialisés qui leur permettent d'être accompagnés et traités. Les centres qui existent accueillent toutes les catégories. Le personnel qui y travaille n'est pas spécialisé et il ne dispose pas de moyens suffisants. Donc, il ne suffit pas de placer un enfant dans un centre d'accueil et dire qu'on a réglé le problème. La mission des centres d'accueil et d'hébergement est totalement à revoir et même le choix des familles d'accueil. Il faut les renforcer et mettre un mécanisme de suivi. Vous, en tant que Réseau Nada, que comptez-vous faire pour stopper ces violences ? Nada peut jouer un rôle comme tous les acteurs associatifs ou bien avec toutes les institutions pour réduire ce phénomène de violence à l'égard des enfants. Certes, on ne peut pas régler tous les problèmes, mais notre force est dans les idées qu'on propose. Il faut proposer des solutions à l'échelle nationale, en impliquant tous les acteurs. Le plus important est de travailler ensemble sur le terrain. A Nada, on peut être vraiment une voix pour les victimes, pour les familles des victimes, pour les citoyens, et une référence pour les droits des enfants. Il faut vraiment aller vers un partenariat entre les institutions et la société civile dans la prise en charge des droits de l'enfant.