Perspective - Le défi aujourd'hui pour les professionnels du secteur est d'arriver à une poupée algérienne à commercialiser. Pour les fabricants de la poupée faite main (ou manuelle), l'industrialisation et la commercialisation de cette dernière se présentent comme une suite garantissant le développement de cette activité. Les exposantes que nous avons rencontrées lors de ce salon affirment, à l'unanimité, être disposées à se lancer dans la commercialisation de leur produit à condition de trouver un encadrement adéquat. Entendre par encadrement la mise en place d'un dispositif permettant la distribution du produit aussi bien au niveau national qu'à l'étranger. Si cela venait à se réaliser, la Barbie ou encore la Foula devraient, probablement, céder leur place à la poupée algérienne. Toutefois, comme l'explique Hassen Metref, président de la ligue des arts dramatiques et cinématographiques de la wilaya de Tizi Ouzou, parvenir à commercialiser une poupée typiquement algérienne ne semble pas si simple. «Avant d'industrialiser la poupée, il faut d'abord la créer. Le premier travail revient au créateur, après quoi il y aura l'industrialisation et la création en séries dont les entreprises se chargeront», note-t-il. Selon lui, des institutions culturelles, à l'image du Musée du Bardo ou encore du Musée des arts traditionnels, devront étudier et donner leur accord sur les modèles de poupées qui représenteront le patrimoine algérien. «Il ne faut pas que ce soit fait par des gens incultes», souligne-t-il. Interrogées sur la possibilité de commercialiser des poupées fabriquées manuellement, des fabricantes estiment que cela pourrait se faire à condition de renforcer la main-d'œuvre et de recourir à la production industrielle, si nécessaire. «La fabrication d'une poupée prend beaucoup de temps. C'est un travail qui a nécessité une grande application», précise la représentante de la maison de jeune de Réghaïa. Il est d'ailleurs nécessaire de différencier entre poupée manuelle qui peut servir de jouet et la poupée artistique. Cette dernière ne peut être, au vu de la finesse de sa réalisation, accessible à toutes les bourses. D'ailleurs, les acheteurs de ce genre de poupées sont surtout des touristes ou des émigrés en quête d'un souvenir prestigieux. Fabricante de poupées représentant les quatre coins du pays avec de minutieuses finitions, Mme Kara Mohamed Kaloudya estime, du moins concernant ses confections, que «c'est une activité artistique et non industrielle». Ce caractère artistique que revêtent les poupées faites manuellement rend justement difficile de parvenir à un produit purement industriel, explique-t-elle. Effectivement, la difficulté du travail et, par ricochet, la cherté relative du produit sont les arguments avancés par plusieurs exposants. M. Metref pense que les maisons de jeunes ont un rôle important à jouer en proposant le thème de la poupée aux volets animation et création au lieu de ne s'adonner qu'à des activités folkloriques.