Prière - C'est vrai que le garçon est laid et difforme mais au fur et à mesure que le temps passe, il s'avère d'une grande intelligence. Il y a de cela longtemps, une femme qui n'avait pas d'enfants, adressait à Dieu cette prière : «Mon Dieu, donnez-moi un petit garçon, qui m'assistera dans ma vieillesse, même si ce petit garçon est difforme et laid !» Dieu, qui aime éprouver ses créatures, accède à sa prière : il lui donne aussitôt un enfant, un garçon, à la fois difforme et laid. Quand les voisines viennent lui rendre visite, elles s'écrient : «Mon Dieu, qu'il est laid !» Mais la femme est heureuse : elle a enfant, son fils ! C'est vrai que le garçon est laid et difforme mais au fur et à mesure que le temps passe, il s'avère d'une grande intelligence. Sa mère lui a donné un prénom, mais tout le monde l'appelle par son sobriquet : Mqidech. Il est tout petit et se faufile partout et, bien entendu, il passe son temps à jouer des tours à son entourage. Il n'est pas très méchant mais il est si agaçant qu'on voudrait, à chacun de ses tours, lui administrer une correction. Il ne dort presque jamais, d'où l'adage populaire : «Mqidech bulehmum ma yerqed ma yedih nnum» (Mqidech, ce grand malheur, il ne dort et ne se laisse prendre par le sommeil !) Sa bête noire est une ogresse, Lghoula, qui habite à l'orée de la forêt. C'est une femme d'une grande taille, méchante comme toutes les ogresses, mais qui a le malheur d'avoir une vue très faible. Elle reconnaît à peine les gens et, quand elle marche, elle se jette en avant, manquant à chaque fois de tomber. — Qui est là ? dit-elle, à chaque fois qu'elle aperçoit quelqu'un, je ne vois pas clair ! Quand c'est Mqidech, il change sa voix : — C'est moi, ta sœur aînée ! L'ogresse s'écrie : — Ah, ma chère sœur, vient que je t'embrasse ! Où es-tu ? — Viens, je suis là ! Elle approche et le futé garçon lui fait un croc-en-jambe et elle s'étale de tout son long. Elle comprend alors qu'on lui a joué un tour ! — Ah, si je te prends, fils du péché, je te dévorerai ! Lghoula a une fille, mais comme elle est stupide, et se fait rouler par le premier venu, elle l'enferme à la maison. — Toi, reste à la maison ! La fille proteste. — Je voudrais faire comme toi, chercher à manger ! — Tu es trop bête pour cela ! — Je m'ennuie à la maison ! — Toi, prépare le dîner ! Car, Lghoula, comme toutes les ogresses, a constamment faim, et tout ce qu'elle rencontre, ânes, vaches, moutons et, bien sûr, humains, elle l'enlève et l'emmène chez elle où sa fille le prépare. — Vite, vite, donne-moi à manger ! (A suivre...)