Cet exploit va provoquer l'admiration des Maghrébins et, en Europe, la consternation et la colère : les bateaux ont été pris avec une si grande facilité ! A Alger, c'est la fête : enfin, il y a quelqu'un pour donner une leçon à ces Européens qui cherchent à s'imposer sur les côtes maghrébines. Aujourd'hui, non seulement on défend mieux les côtes musulmanes, mais on peut aussi porter la guerre sur le territoire de l'ennemi. Ainsi, la peur va changer de camp ! Désormais, ce sont les bateaux européens qui courent le risque d'être pris. Au printemps 1505, Arouj renouvelle l'exploit, en s'emparant, près de Lipari, d'un important navire espagnol, avec 500 soldats à bord, envoyés en renfort au capitaine Gonzalve Fernando, qui se trouvait à Gênes. Le navire, malmené par une tempête, s'est rendu sans livrer bataille. Arouj lève un important butin et fait prisonnier de nombreux gentilshommes qu'il va rançonner par la suite. Cette pratique, qui nous révolte aujourd'hui, était courante à l'époque, et les bateaux européens faisaient de même avec les captifs musulmans. La réputation du corsaire est désormais établie. Son nom va inspirer la terreur et, à chaque bateau qui approche, on croit qu'il s'agit de lui et on sort les canons.