Résumé de la 2e partie Au Maghreb, Aroudj enregistre de nombreux succès contre les navires chrétiens. Il s?empare notamment de deux bateaux du pape Jules II et d?un navire du roi d?Espagne conduisant des soldats à Gênes. Voilà donc le jeune Aroudj sur un vaisseau, se lançant sur les mers, donnant la poursuite aux navires chrétiens. La piraterie était à l?époque répandue dans la Méditerranée et elle n?était pas, comme les historiens de la colonisation ont essayé de le faire croire, le seul fait des musulmans ; en fait, tout le monde s?y adonnait. Il faut signaler aussi que les corsaires, haïs par leurs ennemis, étaient encouragés et même soutenus par des Etats qui y voyaient un moyen de combattre leurs ennemis. Aroudj va courir ainsi les mers pendant plusieurs mois, se formant au rude métier de navigateur et de corsaire. Son courage et son intelligence vont lui valoir l?admiration de ses compagnons et de ses chefs aussi. Une source rapporte qu?il a été capturé et qu?il s?est retrouvé à ramer, comme forçat, sur les gares des chevaliers de Malte. C?est sans doute au cours de cette prise que son frère Elias a été tué. Quant à lui, on ne sait pas comment il a été libéré. S?est-il échappé ou quelqu?un a-t-il payé sa rançon ? Un jour, des marchands turcs lui proposent d?armer une galiote ? un petit navire à voiles, très léger ? dont ils lui offrent le commandement pour attaquer des bâtiments chrétiens et, du butin rapporté, il prélèvera, bien entendu, une part? Il recrute son équipage et se lance, dirigeant pour la première fois un navire. Il fait des prises, mais c?est la grande aventure qui l?attire et l?aventure, à l?époque, c?est au Maghreb qu?il faut la chercher : on y enregistre, en effet, une grande concentration de bateaux chrétiens, de villes occupées également par les Espagnols et qui ne demandent qu?à être libérées. Haëdo nous apprend, dans son Histoire des rois d?Alger, que de passage à Mytilène, il apprend la mort de son père. Ses deux frères cadets, Kheïr Eddine et Ish?aq, qui vivent dans la misère, le supplient de les prendre avec eux. Ils les emmène et voici les rois frères Barberousse unis pour le meilleur et pour le pire. En 1504, il arrive à La Goulette, en Tunisie. Le sultan hafside de Tunis l?accueille favorablement, l?autorise à entrer dans ses ports et, plus tard, lui offrira même le gouvernement de l?île de Gelves (Djerba) qui servira de base à sa flotte. L?un des premiers succès de Aroudj au Maghreb a été la prise de deux navires appartenant au pape Jules II. Les deux galères venaient de Gênes et se rendaient à Civita-Vecchia, caché dans les eaux de l?île d?Elbe. Un des navires s?étant écarté de l?autre, il l?attaque et le prend sans difficulté. Puis, pour tromper la vigilance de l?autre bateau, il ôte aux captifs leurs vêtements qu?il fait revêtir à ses hommes ; il accroche aussi la bannière du pape à son mât. Le bateau ne se doute de rien, en voyant approcher Aroudj et quand il comprend enfin à qui il a affaire, c?est trop tard ! Cet exploit va provoquer l?admiration des Maghrébins et, en Europe, la consternation et la colère : les bateaux ont été pris avec une si grande facilité ! Au printemps 1505, Aroudj renouvelle l?exploit en s?emparant, près de Lipari, d?un important navire espagnol avec 500 soldats à bord, envoyés en renfort au capitaine Gonzalve Fernando, qui se trouvait à Gênes. Le navire, malmené par une tempête, s?est rendu sans livrer bataille. Aroudj lève un important butin et fait prisonniers de nombreux gentilshommes, qu?il va rançonner par la suite. La réputation du corsaire est désormais établie. (à suivre...)