Résumé de la 21e partie - Poirot, en compagnie de Joan, se rend chez Miss Leatheran, la personne la plus bavarde du village... Mais je n'écoute jamais les bavardages. On dit tant de choses ridicules. Cela ne fait aucun doute, ce docteur Oldfield a eu un comportement très étrange depuis l'événement, mais, comme je ne cesse de le répéter, on ne peut avec certitude attribuer cela à une mauvaise conscience. C'est peut-être seulement le chagrin. Non pas que sa femme et lui aient été en excellents termes. Cela, je le sais, et de première main, par l'infirmière qui a soigné cette pauvre Mrs Oldfield pendant trois ou quatre ans, jusqu'à la fin. J'ai toujours eu l'impression que cette Miss Harrison soupçonnait quelque chose. Non pas qu'elle ait jamais dit quoi que ce fût. Mais on peut beaucoup déduire, n'est-ce pas, du comportement de quelqu'un ! — Il y a très peu de chose sur quoi se baser, constata Poirot avec amertume. — Oui, je sais, mais si l'on exhume le corps, alors on saura. Il y a déjà eu des cas de ce genre, poursuivit Miss Leatheran, le nez frémissant. Amstrong, par exemple, et cet autre... je ne me souviens pas de son nom. Et puis, Crippen, bien sûr. Je me suis toujours demandée si Ethel le Neve était mêlée à l'affaire. Joan Moncrieffe est une jeune fille charmante, j'en suis persuadée... jamais je n'irai jusqu'à dire quelle l'a incité... Mais les hommes perdent vite la tête pour une fille. Et ils étaient toujours ensemble ! Poirot se taisait. Il regardait la vieille demoiselle avec une expression d'innocent intérêt calculé pour entraîner un nouvel afflux de bavardage. «... Et, bien sûr, avec une autopsie... Et les domestiques... qui savent tant de choses... on ne peut pas les empêcher de bavarder. La Béatrice des Oldfield a été renvoyée presque aussitôt après les obsèques. Et je me suis toujours demandée pourquoi... C'est étrange, surtout aujourd'hui où l'on a tellement de mal à trouver une bonne. C'est à croire que le docteur Oldfield ait craint qu'elle sache quelque chose.» — Oui, dit Poirot avec solennité, il semble bien que l'enquête soit justifiée. Miss Leatheran fut secouée d'un petit frisson. — Oh, mon Dieu ! dit-elle, quand on pense à notre paisible petit village devenu la proie des journaux et toute cette publicité ! — Cela vous effraie ? — Un peu, je suis démodée, voyez-vous. — Et, comme vous dites, il n'y a peut-être rien que des bavardages ! — C'est que, en toute conscience, je n'irais pas assurer cela. Voyez-vous... il n'y a pas de fumée sans feu. — Je me disais exactement la même chose, dit Poirot qui se leva. Je puis compter sur votre discrétion, Mademoiselle ? — Oh, mais comment donc ! Je ne soufflerai mot à personne. Le petit détective sourit et prit congé. Gladys, la petite bonne de Miss Leatheran, l'attendait dans le couloir avec son chapeau et son pardessus. — Je suis ici pour enquêter sur les circonstances de la mort de Mrs Oldfield, lui confia Poirot. Mais je vous serais obligé de garder cela pour vous. La jeune bonne faillit tomber à la renverse dans le porte-parapluies. (A suivre...)