Défi - Les Syriens se rendent aux urnes ce lundi pour élire leurs représentants dans les municipalités malgré les violences dans leur pays secoué depuis neuf mois par une révolte populaire réprimée dans le sang. Il s'agit du premier scrutin organisé depuis le début du mouvement de contestation sans précédent du régime du président Bachar al-Assad le 15 mars. Plus de 14 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (06H00 GMT) et doivent fermer à 22H00 locales (20H00 GMT). Il y a plus de 42.000 candidats pour 17.000 postes. Dans un bureau de Damas, l'affluence était faible en début de matinée, seuls 61 électeurs ayant glissé leurs bulletins dans l'urne en un peu plus de deux heures, selon un responsable sur place. «J'ai voté car nous voulons contribuer aux réformes en élisant les meilleurs», a dit Zeina, 35 ans, en sortant d'un bureau de vote place des Omeyyades à Damas. Ahmad, un chauffeur de taxi, a estimé que «tous devaient participer au vote pour répondre à ceux qui appellent à la grève». Il faisait référence aux militants pro-démocratie animant les manifestants anti-régime sur place, qui ont lancé une campagne de désobéissance civile entamée dimanche par une grève générale suivie par une partie de la population. Ces municipales ont été organisées en vertu de la nouvelle loi électorale adoptée pour «renforcer le principe de la décentralisation», selon les autorités. Un opposant sous couvert de l'anonymat s'est dit «étonné que des élections se déroulent dans ces circonstances. Les villes en soulèvement n'ont rien à voir avec ces élections». Le scrutin se déroule, selon lui, «dans des régions qui ne se sont pas encore soulevées contre le régime», c'est-à-dire Alep, certains quartiers de Damas, les villes de Soueida et Quneitra (sud), Tartous (nord-ouest) et certains quartiers de Lattaquié et Banias. Le mouvement de contestation a été lancé pour réclamer des réformes démocratiques, mais face à la détermination du régime à le mater, les manifestants ont ensuite exigé le départ de M. Assad. Ce dernier avait promis à maintes reprises des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti, le Baas, et a même promulgué le 4 août un décret autorisant le multipartisme, mais les forces de sécurité et l'armée ont continué à réprimer la contestation faisant plus de 4.000 morts depuis mars selon l'ONU. La fin de la toute-puissance du parti Baas est l'une des principales revendications de la contestation, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l'état d'urgence obtenue en avril. Alors que les municipales se déroulaient dans plusieurs régions, des affrontements opposaient des déserteurs à des forces de sécurité dans deux hauts lieux de la contestation Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud), a indiqué l'observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Un civil a en outre été tué et cinq blessés par les tirs des forces du régime lors d'une opération de perquisition à Idleb, a précisé l'OSDH dans un communiqué.