Les responsables français ont dû se défendre vendredi de laisser l'antisémitisme s'aggraver en France, à la suite de la diffusion à la télévision publique d'un reportage controversé sur les tensions entre élèves juifs et musulmans dans une banlieue de Paris. Le ministre de l'Education nationale, François Fillon, a estimé que ce reportage du cinéaste Elie Chouraqui, intitulé : «Antisémitisme, la parole libérée», passait totalement sous silence les initiatives prises pour améliorer la compréhension entre les communautés. Le film, diffusé jeudi soir sur France 2, traite d'agressions ces dernières années aux abords d'un lycée juif laïque et d'un collège public dans la commune populaire de Montreuil. Il donne la parole à des lycéens qui ont été confrontés à des violences et à des collégiens d'origine arabe dont certains justifient ces agressions au nom du conflit israélo-palestinien. Les chefs des deux établissements, le lycée ORT (Organisation Reconstruction Travail) et le collège Paul-Eluard, ont estimé dans un communiqué que ce reportage «risque de détruire un travail de fond entrepris depuis plusieurs années pour dénoncer le repli communautaire». La maire de la ville, Jean-Pierre Brard, a également dénoncé la partialité du documentaire qui a provoqué chez les enseignants et les parents d'élèves une vague de protestations. «Tout a été scénarisé et les enfants ont été les acteurs bénévoles d'un film dont ils ne connaissaient pas le scénario (...) C'est une manipulation», a accusé M. Brard. La diffusion de l'émission a provoqué un débat au sein de France 2 où il a été décidé de flouter des visages et de gommer quelques propos considérés violents. Pour Elie Chouraqui, il faut que «ce film fasse prendre conscience à toutes les communautés qu'il faut réagir ici et maintenant» et que «toutes les formes d'antisémitisme sont à prohiber». «Le but de ce travail est d'alerter les autorités», a déclaré le réalisateur.