Mélodies - La 6e édition du festival international de musique andalouse et des musiques anciennes s'est ouverte, hier, à la salle Ibn Zaydoun. Le coup d'envoi de la manifestation a été donné dans une ambiance riche en sonorités, par Mohamed Benmiloud et l'Ensemble régional de Tlemcen placé sous la direction de Yacine Hammas. Le public nombreux et mélomane, a pu, le temps d'une représentation chargée d'émotions, apprécier la manière dont le ton a été donné : élégance et raffinement. Des tonalités épurées. Un style soigné. Le tout se dévoilait avec faste et apparat. Il a donc pu savourer l'harmonie des notes qu'orchestraient habilement les instruments maniés par l'ensemble. L'enchantement était au rendez-vous. La prestation de Mohamed Benmiloud accompagné de l'Ensemble régional de Tlemcen s'avérait remarquée, notable, euphonique. Le jeu paraissait régulier, ajusté. L'ouïe le saisissait dans sa profondeur musicale. La nouba se jouait dans l'ampleur poétique qu'elle revêt et dont l'assistance perçoit la quintessence. Elle s'en imprégnait sensiblement jusqu'au tréfonds de l'âme. L'âme en est saisie, capturée par tant de gestes et d'abondance musicale. Plus tard, et lors de la deuxième partie de la soirée, le duo Raposo du Portugal a gratifié le public d'un récital. Les deux frères (Carlos Paredes et Octavio Sergio) ont revisité chacun avec sa guitare de style classique le répertoire de la ville de Coimbra. Ce répertoire s'inscrit dans la longue tradition du fado, musique spécifique au Portugal. Tous deux ont transcrit en sons mélodiques, chargés d'effets et d'élans, l'univers imagé de la guitare portugaise et, par conséquent, l'univers magique du fado – cette belle musique unique et aux intonations joyeuses et, paradoxalement, mélancoliques. Les deux instrumentistes se sont illustrés dans une interprétation distinguée, juste et nostalgique. Forgé d'accents marquant, le jeu entraînant était alors élégant, très éloquent, particulièrement expressif, imprégné de spiritualité. Il était simplement convaincant. Les instruments étaient délicatement maniés. Cela révélait une connaissance du répertoire joué et une maîtrise de l'art de l'interprétation. Ainsi, le duo a joliment proposé, l'instant d'un récital, à un public ravi, littéralement conquis, des compositions musicales séduisantes. C'était un prodigieux voyage en sons, tout en harmonie, à travers le monde fabuleux lusitanien. Un voyage ayant permis avec aisance à l'assistance de s'immerger dans une atmosphère authentiquement traditionnelle, mais étonnement renouvelée, subtilement revitalisée par une touche moderne, personnelle. Rappelons que cette présente édition à laquelle prennent part une dizaine de troupes étrangères (Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Autriche, Chine, Inde, Iran, Maroc, Tunisie) et de six ensembles algériens (l'Orchestre régional de Tlemcen, l'association Makam de Constantine, l'orchestre régional d'Alger et l'association Ibn Badja, l'association Ennahdha d'Oran, ainsi que l'Orchestre régional de Constantine), se poursuivra jusqu'au 29 décembre.