Evocation Le devoir de mémoire suscite le pouvoir d?écriture. Bahia Kiared restitue dans son roman un chapitre de notre histoire. Ecrit par Bahia Kiared, Le Temps de la douleur, un livre paru aux éditions Barzakh, est un roman qui raconte ces hommes, ces Algériens, dits «indigènes» qui sont morts pour une cause qui n?était pas la leur. En fait, c?est un hommage rendu, dans une écriture qui alterne entre fiction et réalité, à tous ces hommes, ces anonymes, qui se sont sacrifiés pour «la liberté, l?égalité et la fraternité». Le roman s?ouvre d?emblée sur la Première Guerre mondiale, sur le départ de ces Algériens qui espéraient, une fois engagés sur le front, bénéficier de la politique d?assimilation que le gouvernement français ne cessait de leur promettre. Ils croyaient qu?ils allaient être naturalisés, et en conséquence, devenir identiques aux Français, au colonisateur. Le roman s?ouvre aussi sur les pleurs et les appréhensions, car la plupart n?allaient pas revenir. Leurs parents et leurs proches n?allaient plus les revoir. Le temps de la douleur raconte, également, une histoire d?amour, des sentiments restitués avec pudeur et simplicité. Il raconte une passion unissant secrètement, la nuit, sur les terrasses, Fatima et Saïd : Fatima était promise à Saïd. Il se trouve que la guerre en a décidé autrement, le destin a voulu que l?aurore des bien-aimés soit aussitôt obscurcie. Le roman raconte aussi ce combat incessant, au quotidien que mène Fatima pour s?affranchir de l?emprise de la société, notamment de la famille. Fatima, refusant de se soumettre aux exigences des «on-dit» et désirant attendre le retour du front de Saïd, tente de tous ses efforts de résister. Elle finit, malgré elle, par céder à la pression. Le temps de la douleur est un beau roman, beau parce qu?il est réalisé dans une écriture sobre, légère et aérée, beau parce qu?il est spontané et profond, beau parce qu?il nous enseigne sur ce pan de notre histoire, souvent ignorée par nous tous, parce qu?il nous rappelle «le Temps de la douleur».