Avis - «Cela fait déjà un bon bout de temps que je n'ai pas mis les pieds dans un hôpital. Il faut reconnaître que lorsque l'on s'y rend pour se soigner, on en ressort avec d'autres maladies.» C'est le témoignage d'un jeune cadre d'une entreprise privée, qui dit préférer payer 800 ou 1 000 DA pour consulter un médecin dans un cabinet privé (pour des petits pépins de santé) que d'aller dans un hôpital public. «La santé n'a pas de prix. Je ne vois pas pourquoi je ne paierai pas 1 000 DA pour bénéficier de soins de meilleure qualité. C'est vrai que même au niveau des cliniques privées, la qualité des soins n'est pas parfaite, mais c'est nettement mieux que dans les hôpitaux publics, ou plutôt mouroirs publics», estime notre interlocuteur qui note que tout le système de santé algérien est à revoir. A la question de savoir pourquoi cette méfiance envers les structures de santé publique, ce jeune explique qu'elles sont claires. «Vous n'avez qu'à aller dans un hôpital public et vous verrez l'accueil qui vous réservez et les soins qui vous seront dispensés. On ne peut pas accuser les médecins, car si on ne leur offre pas des conditions adéquates, ils ne peuvent pas exercer leur travail comme il se doit. Et ils n'ont d'autres choix que de quitter le pays», a-t-il regretté. Interrogé, un père de famille dit avoir «juré» de ne plus remettre les pieds dans une structure de santé publique. Et pour cause, a-t-il expliqué, sa femme a failli perdre son bébé en raison d'une grave négligence du personnel médical. «Nous sommes arrivés un peu tard à l'hôpital. Et nous n'avons trouvé personne à l'accueil. L'hôpital était quasiment vide, il y avait seulement deux agents», a déploré notre interlocuteur. Et d'ajouter : «Je ne pas suis près d'oublier ce cauchemar. C'est scandaleux !». Pour son épouse, le nombre, sans cesse croissant, de victimes d'erreurs médicales ne donne pas vraiment envie de consulter un médecin dans un hôpital public même pour une simple grippe. «Avant, je consultais les médecins des hôpitaux, mais après avoir lu plusieurs fois dans la presse qu'il y a de plus en plus de victimes d'erreurs médicales, il faut dire que cela me fait peur. Sans parler des maladies nosocomiales. Des patients vont à l'hôpital pour se soigner et ils en ressortent avec une autre maladie encore plus grave.» Un autre employé d'une entreprise publique nous a confié qu'il consulte les médecins du secteur public «car je n'ai pas le choix». «Au niveau des structures privées on ne trouve pas tout ce qu'on veut. Pour les simples visites médicales, c'est possible, mais par exemple une femme qui doit accoucher, elle est prise en charge par un privé, mais s'il y a des complications, elle est directement orientée vers les hôpitaux publics», a-t-il expliqué. «L'Algérien se rabat, malgré lui, sur les hôpitaux publics car il ne trouve pas au niveau du privé ce qu'il trouve au niveau des hôpitaux publics, bien que le service laisse à désirer», conclut notre interlocuteur qui ne manque pas de relever le manque d'hygiène et le délabrement des structures publiques de santé.