Robert Mugabe est né à 50 km de Harare en 1924. Après une éducation chez les missionnaires, il est diplômé de l'université sud-africaine de Fort Hare et opte pour le métier d'enseignant. A son retour en Rhodésie en 1960, il rejoint le Zimbabwe African People's Union (Zapu) de Joshua Nkomo avant de fonder trois ans plus tard un mouvement dissident, le Zimbabwe African National Union (Zanu). Condamné à dix ans de prison sans avoir pu bénéficier d'un procès, il quitte la Rhodésie pour le Mozambique voisin en 1974, d'où il mène une guérilla sanglante contre le gouvernement de Ian Smith. Après des mois de négociations en 1979, les accords de Lancaster House conduisent à la paix et permettent le retour triomphal de Mugabe. Il s'unit, dans un premier temps, au Zapu de Nkomo, mais la découverte d'une cache d'armes immense chez des sympathisants du Zapu conduit à la disgrâce de Nkomo et de ses partisans, qui sont brutalement pourchassés. Plus récemment, Mugabe a déchaîné les pulsions raciales au Zimbabwe et pointé du doigt les 75 000 blancs encore présents, permettant l'appropriation de plusieurs de leurs fermes par des «vétérans» de la guerre d'indépendance. Ce regain de violence est exploité à des fins politiques par un Mugabe de plus en plus contesté par une population qui a le plus fort taux d'alphabétisation en Afrique, avec 85%, à mettre à l'actif de Mugabe et pas du pouvoir colonial. Mugabe a également mis en avant sa foi chrétienne intense, mais son mariage, en 1996, avec sa secrétaire, 41 ans de moins que lui, au moment où sa première femme était mourante, modéra la perception par le peuple zimbabwéen de cette dévotion. La corruption généralisée et l'intervention semi-colonialiste au Congo démocratique ont nourri une opposition en forte croissance et incarnée par l'ancien leader syndicaliste Morgan Tsvangirai, à la tête du Movement for Democratic Change (MDC).