Réaction - La Chine et la Russie, alliées de Damas, montent au créneau contre les critiques occidentales face à la répression de la contestation en Syrie. La Chine a qualifié aujourd'hui d' «inacceptables» les propos de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a appelé la communauté internationale à pousser Pékin et Moscou à «changer de position» sur la Syrie, après les vetos empêchant le Conseil de sécurité de l'ONU de condamner la répression. «Le monde extérieur ne devrait pas imposer son supposé plan de solution de la crise au peuple syrien», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaire étrangères, Hong Lei, insistant sur l'importance de «respecter pleinement la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Syrie». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fustigé ce lundi le «caractère unilatéral» de la conférence des «Amis de la Syrie» vendredi à Tunis, boycottée par Moscou et Pékin. Et dans un article publié à Moscou, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a dénoncé l'attitude «cynique» de l'Occident vis-à-vis de la Syrie. Les Occidentaux «manquent de patience pour élaborer une approche équilibrée» à l'égard de la Syrie, a insisté M. Poutine, expliquant qu'il aurait suffi de «demander que l'opposition armée fasse la même chose que les forces gouvernementales», c'est-à-dire de cesser le combat et se retirer des villes. Critiquant à nouveau l'intervention des forces de l'Otan en Libye - autre allié de Moscou - M. Poutine a estimé que le soutien occidental au Printemps arabe pouvait être motivé par des intérêts commerciaux, relevant que les entreprises russes avaient perdu des marchés dans les pays concernés. Au cours du week-end, Mme Clinton s'est pourtant montrée très réticente à un engagement plus direct en Syrie, assurant qu'une intervention militaire risquait de précipiter le pays dans la guerre civile et que livrer des armes à l'opposition pourrait revenir à aider Al-Qaîda et le Hamas, qui ont apporté leur soutien à la lutte contre le président Bachar al-Assad. «Quelquefois, faire tomber des régimes brutaux prend du temps et coûte des vies. J'aimerais qu'il en soit autrement», a-t-elle dit, estimant que la Syrie n'était «pas la Libye», où les rebelles avaient pu disposer dans l'Est de bases pour leurs opérations contre Mouammar Kadhafi. Sur le terrain, le dépouillement se poursuivait après le référendum hier sur une nouvelle Constitution instaurant le pluralisme politique après 50 ans d'hégémonie du Baas, un scrutin raillé par l'opposition et par l'Occident en raison des violences qui n'ont pas faibli dans le pays. A noter qu'à Homs (centre), la reprise des bombardements a déjà fait quatre morts ce lundi matin selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la Croix-Rouge et les diplomates espéraient pouvoir évacuer ce lundi des blessés, dont deux journalistes étrangers. Au cours des deux derniers jours, plus de 150 personnes ont été tuées à travers le pays, plus d'une centaine de civils dans des opérations de sécurité et 46 membres des forces de l'ordre dans des combats contre des déserteurs, selon l'OSDH.