Mandat - Les Russes ont commencé ce dimanche matin à se rendre aux urnes pour une présidentielle qui devrait ramener l'actuel Premier ministre au Kremlin. L'ex-agent du KGB a nettement perdu en popularité mais reste crédité d'environ 60% des voix, selon les derniers sondages. Vladimir Poutine pourrait l'emporter dès le premier tour comme lors de son élection pour ses deux premiers mandats de président en 2000 et 2004. Poutine avait laissé la présidence à son subordonné Dmitri Medvedev en 2008 faute de pouvoir effectuer un troisième mandat consécutif. A la tête du gouvernement, il est cependant resté l'homme fort du pays, et Medvedev a renoncé à se représenter, se désistant en faveur du retour de son mentor au Kremlin pour un ou deux mandats, portés de 4 à 6 ans, qui pourraient théoriquement le maintenir au pouvoir jusqu'en 2024. Les quatre autres candidats sont le communiste Guennadi Ziouganov (second selon les sondages avec 15-20%), le populiste Vladimir Jirinovski, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, nouveau venu dans le jeu politique, et le centriste Sergueï Mironov. Mais tous se sont efforcés de ne pas attaquer frontalement l'ex-agent du KGB, et aucun membre d'une opposition radicale à Vladimir Poutine n'a été autorisé à se présenter. La campagne électorale a été marquée par l'emploi massif des ressources de l'Etat en faveur de Poutine a estimé l'ONG russe Golos dans un rapport publié jeudi dernier. Cette association, qui est dans le collimateur des autorités depuis sa dénonciation de fraudes massives aux législatives de décembre, dernier a indiqué avoir plus de 2 500 correspondants dans le pays. Le Parti communiste a lui aussi indiqué avoir déployé des milliers d'observateurs dans les bureaux. Les témoignages et vidéos de bourrage d'urne et d'autres fraudes présumées, placés sur l'internet, avaient contribué à la montée de la vague de contestation inédite à laquelle fait face le régime russe depuis trois mois. Poutine a soufflé le chaud et le froid face à cette contestation, tantôt accusant l'opposition et les observateurs de servir les intérêts de l'étranger, tantôt annonçant l'installation de web-caméras dans chaque bureau pour surveiller le vote. Selon les autorités, 180 000 de ces caméras ont été installées en quelques semaines et retransmettent en direct le déroulement du scrutin. L'efficacité d'une telle initiative a cependant été mise en doute par la mission d'observation électorale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Russie. Le Parti communiste a affirmé que de premières fraudes avaient été constatées ce dimanche matin à Vladivostok. L'opposition, qui juge le processus électoral faussé et dénonce par avance une victoire de Poutine au premier tour, a d'ores et déjà appelé à la mobilisation demain lundi dans le centre de Moscou, au lendemain de l'élection La participation paraissait toutefois forte ce dimanche matin, comme en Tchoukotka (Extrême-Orient), où environ 27% d'électeurs ont voté dans les deux premières heures malgré une température de -27 degrés Celsius. «Si le taux de participation est aussi élevé en Tchoukotka à 08h 00 du matin, on peut s'attendre à ce que le chiffre soit très intéressant», s'est félicité le chef de la Commission électorale.