Farniente - A peine sortie d'une léthargie hivernale de deux semaines de froid sibérien, la corniche jijelienne a connu un rush sans précédent de visiteurs. Entre le vert des montagnes où beaucoup de blanc est encore visible près des sommets et le bleu de la mer, la côte ouest de Jijel semble sortie d'une longue «ère glaciaire» qui a pratiquement paralysé la vie socioéconomique en raison d'exceptionnelles chutes de pluie et de neige. Au sortir de Jijel, la «Crique», le «Grand phare», le parc animalier de Kissir, avec un afflux de visiteurs remarquable au vu du nombre impressionnant de véhicules stationnés à ses abords, ont modifié le décor l'espace d'une journée dopée par un soleil radieux. Une circulation automobile des plus intenses a été remarquée sur la RN 43 entre Jijel et Ziama-Mansouriah où des stigmates de chutes de rochers, d'éboulements et de glissements de terrain sont encore visibles. Les plages envahies comme en pleine période estivale, les amateurs de jogging courant le long de cet axe routier, des pelotons de cyclistes en entraînement, des familles entières bivouaquant sur des aires de repos à la recherche de la tranquillité et de quiétude : la corniche avec son paysage à l'aspect si particulier semble renaître de ses cendres. Plus on pousse vert l'antique Choba Municipumn (Ziama), en direction de la cité voisine, Béjaia, le décor est de plus en plus captivant, comme si le beau temps mettait toute la corniche dans un écrin.Les hauteurs sont encore enneigées, «narguant» le soleil radieux, tandis qu'une brise marine titille les narines des routiers. Chaque détour, chaque virage, constituent une découverte pour le voyageur, frappé par l'harmonie conviviale et naturelle des montagnes boisées et de l'azur de la Méditerranée où quelques barques s'aventurent pour pêcher. Le retour du beau temps a aussi fait sortir plusieurs centaines de familles que l'hiver avait confinées chez elles. Les nombreux campings improvisés en bordure de mer renseignent sur l'amour parfois démesuré qu'éprouvent les citoyens de cette wilaya pour la Grande bleue. Beaucoup sont surpris, scrutant son horizon au cours de longs moments de méditation. Des jeunes en moto, de la région de Jijel ainsi que d'autres wilayas comme Sétif, envahissent eux-aussi, la route des vacances, les pétarades de leurs engins ne semblant guère troubler les arbustes, palmiers et autres lauriers qui font une haie d'honneur aux chemins asphaltés et donnent un autre air de gaîté à l'auguste corniche. A un jet de pierre du tunnel monobloc où un effondrement avait interrompu la circulation automobile pendant près de vingt quatre heures, lors des dernières intempéries, des jeunes tenant une échoppe improvisée présentent aux passagers de la caille cuite sur place à la braise à des prix plutôt abordables. Il y a foule sur l'esplanade faisant face à cet ouvrage, mitoyen des légendaires et emblématiques «grottes merveilleuses» où le panorama est, à lui seul, une invite à la méditation, même si le calme est de temps en temps «secoué» par le passage des véhicules et des motos. Le tunnel de 620 mètres linéaires, creusé à même la montagne, est aussi, à lui seul, une merveille que l'on emprunte pour se rendre à l'une des deux cités littorales, Béjaia et Jijel. Il semble créer une sorte de symphonie avec une cacophonie de sons qui s'improvise sui generis dès la traversée de cet ouvrage dont la propreté et la tenue sont impeccables. Ultime étape avant de mettre pied à Béjaia, la coquette Ziama-Mansouriah se distingue surtout par ses plages et son port de pêche et de plaisance où sont amarrés de nombreux bateaux aux couleurs vives et chatoyantes. Cet espace est aussi «convoité» par de nombreux visiteurs qui ne manquent pas d'y observer une halte et parfois, arpenter ce qui fut une île dotée d'un phare, avant d'être rattachée au port pour constituer un ensemble harmonieux. Ce monticule boisé, plongeant dans la mer, en forme de promontoire, offre un autre panorama au pied d'une montagne altière où le vert des arbustes «taquine» le bleu de la mer. En atteignant la localité de Melbou (Les Falaises), qui marque la fin de la corniche, le voyageur a cette délicieuse impression de sortir d'un rêve éveillé.