Le Maroc et la Tunisie n'ont pas de pétrole et ils drainent des charters pleins à craquer de touristes européens venus se dépayser dans ces contrées très touristiques. Qu'est-ce qu'une contrée touristique ? C'est bien sûr un ensemble de sites et de paysages enclins à l'évasion comme ces immenses espaces désertiques dont justement les Européens sont très friands durant cette période. Des hauts lieux comme Marrakech, Tozeur, Kairouan font le plein chez nos voisins parce que ces villes répondent aux critères de contrées touristiques avec toutes les commodités d'accueil et surtout de transport. Chez nous, on évoque Djanet, appelée à juste titre la perle du Sud et l'on nous annonce triomphalement l'arrivée de… «Quelques centaines de touristes» titre sans rire un quotidien à grand tirage. L'équivalent d'un charter affrété des froides contrées européennes. Mais quelle est donc cette effroyable fatalité qui nous fait jubiler quand une poignée de touristes daigne venir dans notre Sud à nous ? D'abord, l'activité touristique est exhumée deux fois par an chez nous : en été à l'occasion des grandes chaleurs où dans la presse nationale on tente désespérément de vendre notre littoral en occultant tous les à-côtés qui revêtent leur importance primordiale pour la réussite de cette activité jugée comme la seule à prendre la relève après l'épuisement des réserves pétrolières : ces petites choses que sont le transport – à l'aéroport d'Alger, quand tombe la nuit, toute une faune de transporteurs clandestins prend possession des lieux – , les infrastructures de restauration qui se résument à quelques sordides fast-foods ouverts ainsi qu'à l'animation culturelle – allez trouver un cinéma de bonne facture ou une salle de spectacle ouverts le soir - . Bien sûr, il est question ici de tourisme du Sud, et point besoin de cinéma, de taxi ni de fast-food, mais de promenade à dos de dromadaire dans ces musées à ciel ouvert que recèle notre pays et qui demeurent superbement ignorés par les instances de tutelle, ministère du Tourisme, de l'Environnement et aussi de la Culture. Rameuter quelques touristes en 2012 et dans ce Sud enchanteur qu'est le nôtre, c'est un aveu d'échec, tout simplement. En d'autres circonstances et avec une meilleure gestion de ce secteur névralgique, ce chiffre de quelques touristes aurait été multiplié par 100. Comme chez nos voisins. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.