Réalité - «Nos seniors sont livrés à des soins inexistants», affirme le professeur Bougharbal qui déplore l'absence d'unité de gériatrie dans nos hôpitaux en dépit des promesses des différents ministres de la Santé. L'absence de cette spécialité a été au cœur des débats de la rencontre organisée, hier, mardi, par l'association SOS 3e âge en détresse Ihcen. Les données démographiques et épidémiologiques ont changé et avec elles les besoins des personnes âgées qui sont désormais tournés «vers la qualité de la survie», poursuit le sénateur. Chiffres à l'appui, il explique que l'espérance de vie des Algériens est passée de 65,3 ans en 1993 à 74,6 ans en 2010 ce qui s'est traduit par l'augmentation de la population âgée estimée actuellement à plus de 2,5 millions. Une mutation qui a favorisé la transition épidémiologique avec l'émergence des maladies non transmissibles. Ces maladies sont, aujourd'hui, responsables de 58,8 % des décès en Algérie. Il y a donc urgence de former des médecins gériatres et de mettre en place des services de gériatrie, l'option des hôpitaux spécialisés étant contestée par la majorité des participants présents à cette rencontre. Ces hôpitaux pourraient constituer à long terme des foyers pour les personnes âgées, selon le professeur Moussa Arrada. Il a appelé à une prise en charge spécifique de nos seniors en tirant à boulets rouges sur les autorités concernées. Pour le chef de service de médecine interne à l'hôpital Mustapha-Pacha, «il est inconcevable qu'un système de santé ne possède pas des structures spécialisées dans la prise en charge de la personne âgée». Il a indiqué que «rien n'a été fait à ce sujet» alors que «le débat a été lancé il y a un quart de siècle. Le programme de formation a été bel bien préparé et ficelé par moi-même. Les ressources existent mais on ne sait pas les utiliser». Les données recueillies au cours des différentes enquêtes sur la santé de la famille montrent que les problèmes de santé du troisième âge se résument, entre autres, à l'hypertension artérielle, les maladies articulaires, les maladies gastriques, le diabète et les maladies cardiovasculaires. L'autre point noir soulevé lors de ce débat est celui de l'accompagnement de toute cette population, de plus en plus significative, pour accomplir certaines activités quotidiennes. Il s'agit notamment de l'aide aux soins personnels, l'aide ménagère, ainsi que l'aide partielle qui se fait généralement ressentir pour les activités qui demandent de gros efforts. Les besoins sont donc énormes mais le personnel formé est presque inexistant. Un appel a été lancé à cet effet par la présidente de l'association Ihsen, Mme Souad Chikhi, aux jeunes investisseurs afin qu'ils se tournent vers ce créneau. Ces entreprises devraient mettre à la disposition des personnes moins autonomes un auxiliaire de vie pour les accompagner dans les actes de la vie quotidienne. Mme Chikhi a proposé également aux instances de tutelle la réhabilitation du poste d'assistante sociale au niveau de toutes les communes pouvant accéder aux maisons des personnes âgées en vue de les recenser et de transmettre leurs préoccupations. La présidente de l'association et les participants à cette journée d'étude ont, toutefois, reconnu l'efficacité du projet décidé par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille portant ouverture de centres de santé (diurnes) au profit de cette catégorie.