Protesta - S'il y a bien une grève qui appelle un regard plus soutenu, c'est bien celle des greffiers. Une partie du personnel du secteur de la justice, dont des greffiers et des employés appartenant aux corps communs de la justice, entame aujourd'hui son 10e jour de grève de la faim. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le bureau fédéral de la justice, affilié au SNAPAP, relève la «détérioration considérable de la santé des grévistes de la faim, dont deux femmes ont été évacuées dans un état comateux par la Protection civile vers l'hôpital de Rouiba». Tout en tenant responsable la tutelle sur les risques encourus par les grévistes, le syndicat de la justice rappelle que l'état de santé des grévistes se détériore chaque jour davantage. «En effet, ce conflit rejoint les autres conflits dans le sens où il s'agit d'une corporation qui aspire à se défendre et défendre les intérêts d'une corporation lésée. Les retombées et acquis seront bénéfiques pour tout le secteur de la justice car la prise en compte des intérêts des travailleurs qui surviendra quelle que soit l'issue actuelle du conflit ne pourra qu'améliorer la gestion et l'efficacité de ce secteur névralgique», nous dit Nassira Ghozlane, secrétaire générale du SNAPAP. Ce qu'il y a de particulier dans cette grève, «c'est qu'elle s'est développée au sein d'un appareil judiciaire qui a toujours servi à mater et réprimer toutes les autres contestations et qui, pour ce faire, devait être géré comme un appareil qui ne souffre aucune remise en cause. Cela n'a pu se réaliser qu'en installant un climat de crainte au sein du personnel avec une omnipotence de la hiérarchie. La domination au sein de ce secteur devait être claire et sans bavure et se doublait même d'attitudes machistes qui renforçaient cette crainte et cette domination car le personnel est majoritairement féminin. Mais tout cela vient d'être battu en brèche par la grève qui dure depuis une quinzaine de jours. Une grève où l'on voit le personnel féminin se battre à côté du personnel masculin même dans la rue, donc qui permet non seulement à cette corporation de récupérer sa dignité mais qui permet aussi aux femmes de casser cette domination spécifique qui lui était destinée. Faut-il croire que c'est un hasard si à Oran, Alger et Aïn Defla des greffières sont les victimes d'attitudes punies par la loi de la part de responsables au sein des cours et tribunaux», ajoute notre interlocutrice, et d'annoncer en exclusivité à InfoSoir que deux sit-in seront observés demain et samedi à 10 heures. Pour le lieu, «nous allons l'annoncer ce soir pour éviter des renforts de police», conclut la secrétaire générale.