Le Bayern Munich a relevé le défi d'une qualification pour la finale de la Ligue des champions de l'UEFA sur son propre stade, Chelsea celui de pousser vers la sortie le tenant du titre barcelonais. Ce soir à partir de 19h 45, la planète football s'arrêtera de tourner pour connaître le nom de la meilleure équipe européenne de l'année. Si le Bayern a déjà remporté quatre fois le trophée, le club munichois a, comme Chelsea, le goût amer d'une défaite au dernier stade de l'épreuve à oublier. C'était en 2010 pour les Allemands contre l'Inter Milan, en 2008 pour les Anglais après une séance de tirs au but douloureuse contre Manchester United. John Terry avait raté l'un des penalties mais, suspendu, il n'aura pas l'occasion de prendre sa revanche sur un destin que l'on ne voyait pas sourire aux Blues après une défaite 3-1 en huitième de finale contre Naples. Benfica et Barcelone sont les deux dernières victimes des hommes de Roberto Di Matteo. Didier Drogba et ses coéquipiers trouveront-ils les ressources collectives pour contrer la machine à marquer bavaroise dans son antre ? Le Bayern Munich peut devenir la première équipe depuis l'Inter Milan en 1966 à décrocher le trophée suprême européen sur ses terres. Après la phase de groupes, les Allemands ont éliminé successivement le FC Bâle et l'Olympique de Marseille. Le Real Madrid a longtemps pensé pouvoir stopper le Bayern mais les penalties en ont décidé autrement. Les hommes de Jupp Heynckes auront-ils les nerfs assez solides pour réaliser ce que leurs supporters attendent d'eux ? Allianz Arena Ce stade qui fait rêver les Blues L'Allianz Arena va faire rêver Chelsea. Non seulement pour le Graal européen que les Blues de Roman Abramovitch peuvent enfin décrocher, mais aussi parce que le club de Londres se sent à l'étroit à Stamford Bridge (42 000 places) et lorgne la réussite de la soucoupe de Munich (69 000 places, 106 loges). Au point de reparler depuis quelques jours d'un déménagement-agrandissement sur le site de Battersea, de l'autre côté de la Tamise. Un projet de 60 000 places, plus conforme aux standards du gotha européen. Selon Deloitte, Chelsea, 6e revenu du continent mais plus petit stade du Top 10, est condamné à pousser les murs pour se développer. Comme le Bayern et Munich 1860 l'ont fait il y a 10 ans en construisant leur grand stade, un investissement de 365 millions d'euros qui sera remboursé d'ici 7 à 8 ans, selon le Bayern. Héritage du Mondial 2006, l'Allianz Arena est une formidable machine à cash. Et l'une des clés de la stabilité économique du club bavarois qui y joue la plupart du temps à guichets fermés. Arbitres Pedro Proença au sifflet La finale de la Ligue des champions sera officiée par Pedro Proença, âgé de 41 ans. L'arbitre portugais, qui a fait ses débuts internationaux en 2003, a arbitré cinq matches de C1 cette saison, dont le huitième de finale retour Inter Milan-Marseille (2-1), à la fin duquel il avait accordé un penalty aux Italiens et expulsé Steve Mandanda. Ses assistants seront ses compatriotes Bertino Miranda et Ricardo Santos, le quatrième arbitre l'Espagnol Carlos Velasco Carballo. Les deux arbitres de surface seront les Portugais Jorge Sousa et Duarte Gomes. Van Buyten Un retour qui tombe bien Si Chelsea a ses absents, le Bayern Munich fait, lui aussi, face à des contraintes d'effectif avant la finale de Ligue des Champions. Le club bavarois envisage la possibilité de faire jouer un Daniel van Buyten à court de rythme, même si c'est peu probable. Le Bayern a aussi ses absents pour la finale de la Ligue des champions contre Chelsea, mais Jupp Heynckes a moins de dilemmes à gérer que Di Matteo. Avec la suspension de David Alaba, il devra trancher entre Diego Contento et Danijel Pranjic pour le poste d'arrière gauche. A priori, ce sera Contento. Pour remplacer Holger Badstuber suspendu, en défense centrale, l'entraîneur bavarois a le choix entre Anatoli Timoshchuk et Daniel Van Buyten. Il est plus probable qu'il aligne l'Ukrainien, étant donné que le Belge n'a joué qu'un seul match avec l'équipe réserve après avoir été longtemps blessé. Défections Une pluie de suspendus Les joueurs de Chelsea ne seront pas les seuls diminués en finale de la Ligue des champions, le 19 mai à Munich, car ceux du Bayern ont aussi été durement sanctionnés, mercredi lors de la demi-finale remportée à Madrid (1-2, 3 tab à 1). Sous la menace d'une suspension et tous les trois avertis face au Real, Badstuber, Alaba et Luiz Gustavo verront l'ultime rencontre de la compétition depuis les tribunes de l'Allianz-Arena. Ils s'ajoutent à leurs adversaires Terry, Ramires, Ivanovic et Meireles qui, eux aussi, manqueront la partie. Ribéry «Le match le plus important» A quelques heures de la finale de la C1, Franck Ribéry a paru plus motivé que jamais à l'idée de brandir la Coupe aux grandes oreilles dans son jardin. Désireux de glaner son premier grand titre européen, le milieu de terrain français sait sa formation capable de chatouiller l'armada londonienne. «On est meilleur qu'en 2010. Bien plus détendu, on se met moins de pression. Le coach a instauré une bonne atmosphère et les joueurs ont une grande confiance en lui. On prend plus de plaisir à jouer», confessait «Kaiser Franck» en début de semaine, via un entretien accordé au magazine Kicker, avant de faire de cette finale une priorité absolue. «Bien sûr, il y a la Coupe du monde, l'Euro, mais ce match est le plus important de ma carrière». Drogba «Pour l'histoire et l'avenir» Didier Drogba peut dire sans risque de se tromper qu'il jouera ce soir à Munich «l'un des plus grands matchs de sa carrière», car la finale de la Ligue des champions décidera à la fois de sa place dans l'histoire du soccer et, plus prosaïquement, de son avenir à Chelsea. L'Ivoirien, dont le contrat à Londres arrive à échéance à la fin de la saison, est en négociations depuis des mois pour un renouvellement, mais si l'on en croit la presse anglaise, les discussions achoppent sur une question de durée : le joueur voudrait deux ans de plus, le club un seulement. Quel meilleur moyen pour Drogba de faire pencher la balance en sa faveur que d'offrir à son patron Roman Abramovich le trophée pour lequel il a investi plus d'un milliard de livres depuis son arrivée en Angleterre ? «Ce n'est pas une question personnelle. Il n'y a rien à dire à mon propos. Je ne vais pas jouer pour moi, mais pour le club», a assuré l'ancien Marseillais, 34 ans, qui ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet si près du match. Heynckes - Di Matteo Le vieux renard face au jeune loup Adulé par les fans de Chelsea depuis ses trois buts en finales victorieuses à Wembley (Cup 1997 et 2000, Coupe de la Ligue 1998), l'ancien milieu Roberto Di Matteo (41 ans) est adoré par ses joueurs. Et ça marche ! Depuis son arrivée, Chelsea s'est relancé pour finalement remporter la Cup et atteindre la finale de la Ligue des champions. Agé de 67 ans, Jupp Heynckes endosse plutôt le rôle de la mère poule ou du père fouettard selon les besoins. Il faut dire qu'il a tout gagné au cours de sa carrière de joueur et de coach. Champion d'Europe et du monde avec l'Allemagne en 1972 et 1974, il a notamment remporté le Championnat allemand à quatre reprises. En 1998, il a mis fin à la disette européenne du Real Madrid en lui offrant la Ligue des champions. Avec le Bayern Munich, il a gagné la Bundesliga à deux reprises (1989, 1990). Cela lui confère une aura particulière aux yeux de ses joueurs et lui a permis de toujours composer ses équipes en fonction du comportement à l'entraînement et non du statut.