Frontière - Mais il y a une curiosité beaucoup plus grande à trois kilomètres avant de rejoindre Marsat Ben M'hidi, c'est le terrain presque nu et sans relief qui sépare les deux pays. Tout le monde sait que la frontière algéro-marocaine est fermée depuis des années. Les postes officiels de Zoudj Bghal et de Boukanoun sont déserts, rien ne passe ni ne transite et pourtant à quarante kilomètres plus loin, les choses sont différentes et à la limite cocasses. A Marsat Ben Mhidi exactement la dernière et ultime ville algérienne avant les premiers mètres en territoire marocain. Cette ville est située sur le littoral en bordure d'une très belle plage bondée de touristes en été et assaillie par les visiteurs qui viennent souvent de loin. La première curiosité pour les gens qui arrivent est bien sûr de voir, à partir des guérites, la plage limitrophe de Saïdia au Maroc, avec ses villas, ses jardins, sa clairière et même quelques estivants. C'est une sensation bizarre d'être chez soi et de regarder, tout à portée, l'étranger. Mais il y a une curiosité beaucoup plus grande à trois kilomètres avant de rejoindre Marsat Ben M'hidi, c'est le terrain presque nu et sans relief qui sépare les deux pays. Là, les deux communautés sont si proches qu'elles peuvent se saluer, s'entendre et même engager des discussions. La plupart des voitures qui descendent d'Oujda pour aller à la plage de Saïdia s'arrêtent en général, soit pour faire des signes aux Algériens, soit pour attendre des membres de leurs familles auxquels ils ont fixé rendez-vous à l'avance par téléphone, soit pour admirer cette partie du pays et crier par dépit à leurs vis-à-vis : «Yahia l'malik» (vive le roi). Naturellement les Algériens répondent systématiquement «Yahia Bouteflika». Bref, l'influence marocaine est telle ici que la moitié des produits ou des fruits vendus sur le bord de la route, vient en général clandestinement des petits villages chérifiens des alentours comme Ahfir par exemple. Et cela fait partie de la carte postale du voyage.