La visite du directeur général de la Douane, hier, sur la bande frontalière ouest survient vingt-quatre heures après la saisie, par ses services de Tlemcen, de près de 8 q de résine de cannabis. Une saisie qui a démontré, une fois encore, l'ampleur du trafic de la drogue sur cette partie reculée de l'Algérie dont les frontières avec le pays voisin s'étendent sur plus de 800 km. Et c'est peut-être pour toutes ces raisons que M. Lebib a tenu à voir de plus près le terrain sur lequel évoluent ses troupes. De Marsat Ben M'hidi, que sépare de la ville marocaine Saïdia un simple oued pollué, à la région minière d'El Abed en transitant par les postes frontaliers de Boukanoun et de Akid Lotfi (Maghnia), le directeur général a pu prendre connaissance des différentes affaires liées à la contrebande de toutes sortes : trafic de carburant, de spiritueux, de cigarettes, de véhicules, de bétail, de matériaux de construction... M. Lebib s'est ensuite fondu dans une brigade de la douane à bord d'un véhicule de son corps pour être confronté aux dures réalités : de l'autre côté de la « barrière », à quelques mètres seulement du territoire algérien, de jeunes Marocains transportaient des fûts de gasoil algérien d'une manière quasiment ostentatoire. Ce lieu-dit, une sorte de no mand's land, est appelé Gourbi et est réputé pour le trafic intense de carburant, de semoule et de farine. Une région tellement perméable (certains diraient vaste) que les pouvoirs publics envisagent l'édification de cinq postes de contrôle supplémentaires qui seront assujettis aux pouvoirs de garde-frontières (Gendarmerie nationale). A ce sujet, les services de la Douane ont émis le vœu d'avoir un espace commun dans ces futurs projets sécuritaires. Mais ce qu'a pu voir hier M. Lebib, sur cette partie de l'Algérie, n'est que l'ombre d'une réalité amère que ne pourraient concrètement éradiquer tous les postes de contrôle du monde, si tous les services concernés ne mettent pas exclusivement en avant l'amour du pays.