Les syndicats de l'éducation craignent déjà que le ministère procède encore une fois au gonflement du taux de réussite au bac 2012. Pour eux, c'est le taux de réussite de 40 % du bac blanc qui reflète réellement le niveau des élèves et de l'école en général. Achour Idir, porte-parole du syndicat, a déclaré que «ces résultats reflètent le taux de réussite au bac, prévu pour le 3 juin». Cependant, il a estimé que le ministère de l'Education va «comme d'habitude, majorer» les résultats, afin de dissimuler «l'échec» avéré de la réforme du système scolaire. «Le ministère va certainement relever les résultats officiels et annoncer, comme au cours des quatre dernières années scolaires, un taux avoisinant les 70 %». D'ailleurs, a t-il ajouté, à travers le maintien de la formule du seuil des cours à réviser, le ministre a trouvé le moyen de prouver «l'efficacité» de la réforme scolaire, et ce, au détriment du système éducatif et des élèves eux-mêmes, qui éprouveront des difficultés à poursuivre leur cursus universitaire. Il y a lieu de rappeler que le département de Benbouzid a décidé de limiter les cours à réviser pour les classes terminales, suite aux manifestations observées par les terminales de la capitale au cours du deuxième trimestre, dénonçant la surcharge du programme. Le porte-parole du CLA, qui dénonce ce système, affirme que le fait de ne pas finaliser le programme relève d'un dysfonctionnement de la réforme du système scolaire lui-même. Rappelant que cela n'est appliqué dans aucun pays au monde, il ajoute que «le ministère, qui recourt automatiquement à la majoration des résultats, facilite la tâche aux élèves», afin d'arriver à de bons résultats et positiver la réforme scolaire. Cette mesure a été donc à l'origine du taux d'absentéisme élevé enregistré depuis le début du mois de mai. «Seuls 20 % des élèves assistaient aux cours. C'est regrettable.» Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Salem Sadali, appuie le point de vue du CLA et dénonce le maintien des mesures provisoires appliquées depuis quatre ans, en raison de la multiplication des mouvements de contestation dans le secteur. «Ces mesures provisoires seront maintenues à long terme, particulièrement celles relatives à la limitation des cours à réviser pour le baccalauréat», a-t-il précisé. Selon lui, l'examen de fin d'année n'est plus une clef réelle pour accéder au niveau supérieur. «Les élèves vont éprouver des difficultés à suivre leur parcours pédagogique à l'université. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux calent dès la première année», ajoutant que «le bac n'est, malheureusement, plus un indicateur attestant du niveau requis». Les examens scolaires sont, a-t-il dit, «un moyen de gestion des flux des élèves pour le ministère». Et de poursuivre : «Après avoir saccagé l'école primaire et secondaire, on s'attaque à l'université à travers des flux d'étudiants impossibles à prendre en charge.» La pénalité Méziane Meriane, coordinateur national du Snapest, appuie également le point de vue du Satef, estimant qu'il est urgent de mettre fin à la mesure instaurée, concernant la limitation des cours pour les candidats au bac. «Cela va à l'encontre du système pédagogique et pénalise les élèves des autres wilayas qui ont achevé leur programme scolaire.»