Le statut de ville poubelle colle à la peau de Tizi Ouzou qui n'arrive plus à se défaire de cette étiquette. Jadis connue pour être l'une des villes les plus propres du pays, elle est, depuis ces dernières années, la ville la plus insalubre que l'on puisse imaginer. A Tizi Ouzou, particulièrement à la Nouvelle ville, les habitants de cet immense dortoir constitué de «pachydermes en béton» et où le mot aménagement est banni du langage, l'amoncellement des déchets, conjugué aux fortes chaleurs enregistrées, commence sérieusement à peser sur la santé des quelque 70 000 habitants qui y vivent. Depuis deux jours, les éboueurs sont en grève illimitée. Les travailleurs des entreprises privées qui assurent le ramassage des ordures ménagères au niveau de la Nouvelle ville ont donc cessé toute activité. Dans une affiche placardée un peu partout, ils expliquent leur action par le fait qu'ils n'ont pas été payés depuis une année, malgré toutes les démarches entreprises dans ce sens. Ce qui inquiète encore plus les habitants, c'est que des énergumènes trouvent un malin plaisir à brûler les poubelles de nuit. Les fumées qui s'en dégagent, non seulement indisposent les habitants, mais représentent un danger certain pour leur santé. Pour l'heure, rien ne laisse entrevoir une quelconque issue à ce bras de fer engagé entre les grévistes et les autorités locales. Les grèves des éboueurs sont récurrentes à Tizi Ouzou. Le dernier débrayage a été enregistré à la mi-mars, quand les travailleurs du service de la voirie de l'APC, suite à un appel de la cellule syndicale affiliée à l'UGTA, avaient arrêté le travail pour exiger la satisfaction des revendications contenues dans leur plateforme, dont le droit à une tenue de travail, à la médecine du travail, à la régularisation des salaires, etc. Rappelons aussi que l'APC a signé avec l'entreprise Nicolin El-Djazaïr un contrat pour le ramassage des ordures ménagères et le lavage des trottoirs pour une durée de 5 années pour un montant de 57 milliards de centimes, soit un peu plus de 11 milliards par année. L'entreprise devait commencer ses prestations au mois de mars dernier, mais pour l'heure, rien n'a été fait.