Les vieux démons des pafistes étrangers à l'égard des Algériens sont-ils en train de ressurgir ? En l'espace d'un peu plus d'un mois, des cas de concitoyens maltraités, humiliés dans des aéroports italien, allemand et ukrainien sont rapportés par la presse. Trop, c'est trop ! Notre diplomatie doit réagir avec vigueur à ces dépassements inadmissibles qui portent atteinte à la dignité de l'Algérien. Le dernier en date est ce jeune, Mohamed Ben Ouda, qui a été expulsé, lundi, d'Ukraine. Le cauchemar de ce jeune a commencé, selon notre confrère El Khabar qui a rapporté son témoignage, dimanche dernier lorsqu'il a pris un vol à destination de l'Ukraine avec une escale à Rome. A son arrivée à l'aéroport de Kiev, un agent de la PAF a vérifié son passeport et d'un geste provocateur, il a craché dessus et a lancé à l'égard du jeune : «Les Algériens sont sales.» Mohamed Ben Ouda a alors demandé à l'agent de ne pas insulter son pays, mais ce dernier s'est mis à rire et a demandé au jeune de signer deux papiers (écrits en ukrainien), ce qu'il a refusé de faire, d'autant que ces papiers étaient rédigés en ukrainien vu qu'il ne savait pas leur teneur. Le jeune a été empêché de contacter l'ambassade algérienne à Kiev et a été enfermé dans un bureau, privé de nourriture et d'eau. Le lendemain, il a été expulsé vers l'Algérie, les mains attachées. Au mois d'avril, deux autres Algériens avaient été expulsés d'Italie de manière humiliante : ruban adhésif sur la bouche et mains ligotées derrière le dos. Ils étaient partis de Tunis sur un vol à destination d'Istanbul, en Turquie. L'appareil a effectué une escale technique à Rome. Les deux Algériens auraient alors quitté la zone de transit pour tenter de rester clandestinement en Italie. Mais ils sont restés dans la zone internationale. Interpellés par la police, ils auraient refusé de repartir vers la Tunisie. C'est alors que la police italienne a décidé de les faire embarquer de manière musclée. Au mois de mai, trois autres Algériens ont été maltraités à l'aéroport de Frankfurt. Ils ont été contraints de payer des amendes pour échapper à la menace d'emprisonnement avant d'être expulsés sans explication aucune. «L'interrogatoire a duré 8 longues heures, j'ai été victime d'un malaise, mais ils ont refusé de ramener un médecin. Ils nous ont obligés à payer une amende de 150 euros sous peine d'être emprisonnés de suite», a témoigné l'un d'eux, un cadre qui avait fait le déplacement suite à une invitation officielle pour assister à la Foire des arts graphiques organisée tous les 4 ans en Allemagne. En mars 2011, un groupe de 23 Algériens avait été expulsé dans les mêmes conditions. Détenteurs de visas Schengen et voyageant dans un cadre touristique, ils avaient subi des interrogatoires interminables avant d'être refoulés de l'aéroport de Frankfurt quelques jours plus tard. Face à ces humiliations récurrentes de nos concitoyens dans les aéroports européens, notre diplomatie reste muette. Il est clair que les autorités portuaires des pays européens réfléchiraient à deux fois avant de réserver de tels traitements aux Algériens si les pouvoirs publics, à leur tête le ministère des Affaires étrangères, réagissaient au coup par coup et d'une façon musclée et efficace. Jusqu'à preuve du contraire, l'Algérie ne vit aux crochets de personne, c'est plutôt l'inverse pour certains cas, et il n' y a aucune raison pour que nos gouvernants prennent des gants, comme ils le font souvent, pour défendre la dignité de leurs citoyens. Face à des situations humiliantes qui touchent tout le peuple algérien à travers un ou plusieurs compatriotes à l'étranger, notre ministère des Affaires étrangères se contente souvent, en effet, de laisser passer et, quand il réagit, il le fait d'une façon molle et timide. Jusqu'à quand ?