Art - Une exposition de peinture mettant en exergue l'art des signes et des motifs symboliques se tient jusqu'au mois de septembre au musée d'art moderne d'Alger. Cette performance plastique, organisée dans le cadre du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, est signée Mahdjoub Ben Bella. Elle comprend près de 220 œuvres. Toutes retracent dans l'ensemble son parcours artistique fait de couleurs et d'émotions. Des choses que l'on peut ressentir dans chacune de ses créations. L'on constate d'emblée en parcourant l'exposition, et ce, d'une peinture à l'autre, que le plasticien privilégie le langage des signes. Et ce langage est dit en couleurs. Cela veut dire que la palette qu'utilise l'artiste est marquée par la diversité des coloris. Chaque tableau constitue une vaste nomenclature de représentation graphique qui, elle, se définit comme étant une exploration, voire la conquête de nouveaux territoires, et, donc, de nouvelles formes calligraphiques. En d'autres termes, le travail du plasticien se définit comme un cheminement vers l'utilisation plastique de la calligraphie arabe. Par cette dernière, source d'inspiration et génératrice d'intense sensibilité, il revendique son algérianité, donc son appartenance à une Algérie profonde, authentique et, surtout, ancestrale. Ses œuvres sont le témoin de cette appartenance et accentuent sa revendication. Son travail prend alors source autant dans sa culture d'origine que dans d'autres qui l'interpellent. Il ne cesse d'ailleurs de le dire : «Je suis là, j'existe en tant qu'artiste algérien et fier de l'être. Dans ma tête je suis Algérien jusqu'au bout des ongles.» Mahdjoub Ben Bella est plus qu'un peintre. Il est créatif, soucieux et curieux. Soucieux, parce qu'il nourrit le souci du talent et de la perfection, c'est-à-dire du détail, de la finition et de l'achèvement. Ses créations sont justes et abouties. Curieux, parce qu'il ne se contente pas seulement d'un seul support sur lequel il va transposer son imaginaire, composer son univers artistique ou encore imprégner ses sentiments. Outre la toile, le plasticien excelle dans le travail du bois. Il aime, en outre, peindre sur d'autres supports, tels que le pavé, les carreaux et, surtout, les objets en céramique. C'est un touche-à-tout. Cela fait aussitôt son originalité et la richesse de son travail. Il est toujours inspiré, et son inspiration le conduit directement et naturellement au-delà des frontières, dépassant l'entendement de l'immédiat. Sa plastique revêt une dimension universelle. Autrement dit, ses créations sont à la croisée de la peinture d'inspiration contemporaine et de la graphie arabe que le plasticien s'emploie toujours et suivant son tempérament et son enclin pour une gamme chromatique à profusion à transfigurer, créant ainsi «un constant et minutieux dialogue du signe et de la couleur». Il allie avec une imagination multiple et spectaculaire le sens des signes et l'enchantement de la couleur. Un beau mélange de formes et de couleurs.