Souvenirs indélébiles La cinquantaine grisonnante, aâmi Bouzid évoque avec beaucoup d?émotion un souvenir de sa tendre enfance. Cela remonte aux années 1950, en juin 1955 exactement. Le petit Bouzid venait de boucler sa première année d?école primaire. Au cours d?une virée dans l?artère commerciale de son quartier à Alger, il s?arrête devant la riche vitrine d?une librairie. Son regard «flashe» sur la couverture colorée d?un illustré. C?était l?époque où ce genre de littérature de jeunesse faisait fureur : pas cher, beaucoup d?actions illustrées et commentées par des écrits simples. Le petit écolier scrute le titre. «Je dois être capable de le lire», se dit-il. Premier réflexe, celui acquis et rodé en salle de classe : il décrypte les grosses lettres. Ensuite, il passe aux syllabes et là : «eurêka ! J?ai trouvé c?est Blek le Roc». Le c?ur rempli de joie et fier de son exploit, il court annoncer la bonne nouvelle à ses parents : «Papa, je peux lire les illustrés, achète-moi Blek le Roc». Le père bienveillant s?exécute et lui donne le montant requis. Son fils revient avec le trophée. Il dormira avec pour sa première nuit de lecture. C?est ainsi que Blek le Roc est devenu son héros de jeunesse. Un illustré puis deux et c?est le cycle sans fin de lectures passionnantes au fur et à mesure qu?il prend de l?âge. À ce jour, un demi-siècle après aâmi Bouzid traîne ce coup de foudre pour la lecture. C?est par centaines d?unités que se chiffre son trésor : sa bibliothèque personnelle.