Résumé de la 4e partie Bientôt le groupe de Fuller découvre des bouées de sauvetage, des traces de roues apparaissent. Est-il possible que les aviateurs aient rencontré un convoi ? Fuller réfléchit. La situation se complique. Les aviateurs ont, peut-être, été recueillis par un détachement britannique. Mais comme on n?a plus entendu parler d?eux, il faut admettre que ce détachement a été détruit ultérieurement par les forces de l?Axe. Autre hypothèse, plus probable d?ailleurs : les Britanniques sont passés avant les naufragés. Dans ce cas, les malheureux se sont trouvés devant une décision à prendre : suivre l?ancienne piste ou la nouvelle ? «Continuons, dit Fuller, je ne crois pas qu?ils aient changé de direction.» Dans le courant de la journée, Fuller découvre, en effet, une cinquième, une sixième et une septième flèches, faites avec des étoffes de parachute fixées par des pierres sur le sable, car on entre dans une région de dunes. «Campons ici, inutile d?aller plus loin, dit Karadzic d?une voix lasse. J?estime que sans eau, la déshydratation et la fatigue ne leur ont pas permis de faire plus de soixante kilomètres? Ils ne peuvent pas avoir dépassé leur septième flèche. ? Alors, déclare Fuller, ou bien les corps sont à proximité, ou ils ont été sauvés au dernier moment.» Pourtant, les camions repartent à l?aube et Fuller découvre une huitième flèche, mais, cette fois, dans une autre direction? Allons bon ! Contrairement à ce qu?il avait pensé, les naufragés se sont séparés en deux groupes, suivant chacun une des pistes. Et d?autres épaves prouvent que les naufragés ont marché beaucoup plus loin que le supposait Karadzic. Fuller et Karadzic, qui ont déjà souffert dans le désert, imaginent la randonnée pathétique de misérables silhouettes, hésitantes et trébuchantes, avançant de plus en plus lentement. Le 11 février 1960, ils tombent sur la dramatique vérité. Le capitaine Fuller tient un cahier, racorni et jauni, à la main? D?une voix sourde, un peu tremblante d?émotion, il révèle ce que fut la fin du Lady be good. «Voici le journal du lieutenant Turner, copilote. Il permet d?éclaircir tous les mystères. C?est à la suite d?une erreur de relèvement qui n?a pu être corrigée que le Lady be good s?est perdu. Lorsque l?équipage s?est regroupé après le saut en parachute, un homme manquait à l?appel? Après l?avoir attendu une demi-heure, ils sont partis? C?est pour lui qu?ils ont laissé toutes ces flèches que nous avons retrouvées. Ils avaient très peu d?eau, puisque le troisième jour, le chef pilote leur en a distribué, en tout et pour tout, une cuillère. Lorsque l?on songe que notre consommation minimum dans ce désert est de deux litres et demi, vous pouvez imaginer leurs souffrances. Le journal rapporte qu?un groupe s?est aventuré sur la piste des camions britanniques, mais il a rejoint le gros de la troupe la tête basse, car la piste se perdait dans les dunes.» «Pourtant, ils ont avancé encore? Le 10 avril, c?est-à-dire le sixième jour, quatre d?entre eux, ne pouvant aller plus loin, les trois autres ont continué la route pour aller chercher du secours? Mais quel secours?» Et le capitaine Fuller, d?un geste du bras, désigne l?immensité du désert. Turner, resté avec les autres, écrit, le dimanche 10 avril : «Nous prions pour avoir de l?aide. Rien de nouveau, sauf un couple d?oiseaux dans le ciel.» «Tous vraiment très faibles. Nous ne pouvons ni marcher, ni dormir. Nous voulons mourir.» Le 11 avril : «Nous prions toujours. Nous attendons de l?aide pour bientôt.» Le 12 avril, Turner écrit encore : «Pas d?aide. Très? froide nuit.» L?écriture est presque illisible. Ce sont ses derniers mots? A quelques mètres du carnet sont allongés cinq squelettes vêtus de combinaisons de vol. Ils portent des noms : William J. Hatton, chef pilote, J. C. Turner, copilote ; Hays, navigateur ; Adams, mitrailleur ; Smith, bombardier? cinq hommes du Lady be good. Trente kilomètres plus loin, Fuller retrouve les trois autres. Deux des hommes sont tombés d?abord, le troisième plus loin? Le squelette du sergent Moore, pour qui ses camarades avaient laissé toutes ces flèches improvisées, n?a jamais été retrouvé. En 1978, il est encore quelque part dans le désert de Libye.