Rêve n On nous l'avait annoncé auparavant, on en a rêvé, mais on attend toujours. Il paraîtrait que les poissons seront bientôt de retour dans l'oued El-Harrach et les travaux lancés, il y a à peine une semaine, semblent le confirmer. Plus fort que le métro, plus grand que l'autoroute Est-Ouest, le projet de dépollution de l'oued El-Harrach semble suivre la même voie. Et revoilà qu'on se prend à rêver. Le partenariat algéro-coréen, Cosider-Daewoo, signé récemment, visant à le dépolluer d'ici à fin 2015 et évalué à 38 milliards de dinars, a démarré officiellement mercredi 13 juin. Ce projet consiste, selon les pouvoirs publics, à traiter les eaux de l'oued sur un peu plus de 18 km à travers la réalisation d'une station d'épuration. Il s'agit également de l'aménagement d'aires de loisirs sur les deux rives du cours d'eau. À voir l'ambition affichée, il ne s'agit pas d'un simple projet, mais d'une réelle volonté de transformer non seulement l'image de la capitale, mais à travers elle, du pays tout entier. En atteste cette déclaration du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal lors du lancement officiel des travaux il y a à peine une semaine, dans laquelle il annonçait que l'ambition était de transformer la capitale en une «perle de la Méditerranée». Outre l'image de la capitale, c'est la vie de milliers de citoyens, voire de millions, qui se verra radicalement transformée. Comment interpréter cela autrement, quand on se met à joindre l'image aux paroles qui ont été prononcées ? «Les mauvaises odeurs provenant de ce cours d'eau ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir», avait encore lancé le ministre lors de cette même prise de parole. Une eau propre et limpide devrait donc prochainement y couler. Outre le traitement de l'eau, c'est un véritable déluge d'infrastructures qui devrait voir le jour tout au long de la rive : Six terrains de sport gazonnés, des aires de plaisance en plus d'une maison d'environnement asiatique, le futur musée de l'Afrique et, bien entendu, la Grande mosquée d'Alger. Envisageant de reproduire en Algérie leur propre expérience dans la dépollution des fleuves, les Coréens comptent aménager de vastes espaces verts tout au long de ses abords parsemés de diverses espèces de végétaux, des jardins filtrants favorisant l'évolution de plantes aquatiques, jouissant d'une capacité d'absorption de l'azote contenu dans l'eau. Ces végétaux sont désignés comme de véritables agents de dépollution, mais aussi une véritable mine d'apport en oxygénation de qualité, avec la faculté d'élimination des mauvaises odeurs. L'Algérie comme beaucoup l'ont rêvée et la rêvent encore. Lyes Sadoun