Objectif n La loi sanitaire en cours de révision devrait combler les lacunes relevées dans l'actuelle loi et prendre en charge l'état de la santé sur 20 ans. Pour le Conseil de l'ordre des médecins, les priorités de cette loi très attendue par les professionnels de la santé depuis 1985 sont «globalement l'accessibilité aux soins, la justice sociale, l'équité et la solidarité». Des primautés qui devraient se traduire par «des textes qui doivent résister au temps et prévoir un certain nombre de développement dans la société algérienne en quantité et en qualité», a indiqué ce mercredi le Dr Bekat Berkani, président du Conseil de l'ordre des médecins sur les ondes de la chaîne III. Il appelle à ce titre le département d'Ould Abbès à s'adresser à l'ensemble des professionnels de la santé pour l'élaboration de cette loi. Il revient dans ce cadre sur la transition épidémiologique que connaît le pays. «Aujourd'hui, nous nous acheminons vers des maladies de surcharge cardiaque, diabète, asthme qui sont devenues de véritables fléaux de santé publique auxquels il faudrait porter des réponses», dit-il tout en avertissant que les difficultés à l'accès aux soins seraient à l'avenir le premier problème de santé publique. Par conséquent, il propose de «s'y préparer à travers cette nouvelle loi qui doit être la plus complète possible pour acquérir les réflexes de soins et de prévention». Par rapport toujours à ce large débat qu'évoque le dispositif législatif en cours d'élaboration, le Dr Bekat affirme avoir mis à la disposition des autorités «des moutures bien que l'ordre des médecins n'y était sollicité que du bout des lèvres». Et de poursuivre : «Les partenaires sociaux et les professionnels de la santé vivent des difficultés dans les établissements publics et privés. Ils ont leurs mots à dire. Et c'est la synthèse de toutes ces propositions qui peuvent faire l'objet d'une loi.» Il déplore cependant l'absence d'un Conseil de gouvernement et d'un Conseil des ministres exclusivement consacrés aux problèmes de santé en Algérie, ainsi que les mesures urgentes à prendre pour redresser la situation. Evoquant les structures de santé de proximité créées dans l'objectif de ramener la santé au plus près du citoyen, le Dr Bekat relève le manque de confiance existant entre la population et ces établissements. Pour «des raisons conjoncturelles démunies d'intelligence médicale, les citoyens se dirigent vers les hôpitaux et les CHU», explique-t-il tout en recommandant «la redistribution des compétences médicales». Cette solution pourrait soulager nos CHU qui devraient revenir à «leur vocation première, d'excellence, d'enseignement pour la médecine et la formation», souligne-t-il. «On peut être au plus près du citoyen sans ouvrir des polycliniques qui sont absolument vides et de consultants et même de personnels médical et paramédical», a-t-il réagi avant d'insister sur le dysfonctionnement et la désorganisation très visible dans nos hôpitaux. Le premier responsable du Conseil de l'ordre des médecins revient, par ailleurs, sur son éternelle réclamation qui est la création d'une agence qui serait «comme un chef d'orchestre» pour la gestion de la santé et du médicament en Algérie. Assia Boucetta