Projection La salle Ibn-Zeydoun (Riad el-Feth) a abrité, mercredi, la projection de Le Secret de Fatima du jeune réalisateur Karim Bensalah, dont c?est la première expérience en matière de création cinématographique. L?histoire que retrace le film se déroule en 1998 à Alger, où vit Fatima, une dame de 65 ans, dans un quartier populaire de la capitale (Bab El-Oued), dans un contexte social littéralement déchiré par la violence domestique et par le terrorisme islamiste. Fatima vit seule et isolée, sans lien aucun avec son voisinage. Silencieuse et surtout accablée par le destin qui s?est acharné sur elle, elle affiche une mine triste, un regard vide, complètement égaré, troublé? Elle sombre, disparaît dans l?ombre de ses souvenirs, pénibles et déchirants. Derrière ce silence et cette indifférence, se cachent bien des choses, un terrible secret qu?elle refuse de révéler, de partager, le cachant par peur, par honte ou encore par remords, un secret qu?elle porte en elle, qu?elle supporte telle une charge lourde et pesante. Un secret qui la rend triste, détachée, déchirée et complètement vidée. Et ce n?est qu?à la fin du film que Fatima lâche les mots révélateurs, raconte son passé. Elle décide de dire ce qu?elle cache depuis plusieurs années, depuis le jour fatidique où elle a basculé dans le mutisme et l?indifférence. Le film prend sa teneur et sa signifiance grâce au rôle de Fatima. D?ailleurs, tout le récit est conduit, de bout en bout, par le jeu monotone et répétitif de ce personnage, qui effectue un parcours lent, mécanique. Un parcours identique à celui du personnage. Même gestes. Même déplacement. Une sorte de rituel quotidien. Pour sa première expérience cinématographique, Karim Bensalah semble avoir réussi le pari, non pas en réalisant un film, mais en captant la réalité sur la pellicule, la proposant au public d?une manière succincte, centrée et intelligente. Et même si le personnage de Fatima semble indifférent, une forte charge émotionnelle et expressive s?en dégage. Ce court-métrage de 30 minutes, réalisé en format 35 mm, est une coproduction algéro-française. Il a obtenu le label Djazaïr 2003, une Année de l?Algérie en France. Mais il n?a cependant reçu aucun soutien financier et n?a été invité à aucune manifestation de cette Année de l?Algérie? Et il n?a, en outre, bénéficié d?aucun sponsoring privé ou officiel algérien. Cependant, il a participé à de nombreux festivals, comme ceux de Clermont-Ferrand, Montpellier, Villeurbanne, Dijon, Angers, Rennes, Abidjan (Côte d?Ivoire), Paris, Montréal (Canada), Rome (Italie), Carthage (Tunisie) et Locarno (Suisse). Ce film est projeté jusqu?au 13 mai à la salle Ibn-Zeydoun à 18h, sauf dimanche 9 mai et mardi 11 mai. Ensuite, il sera présenté à la Cinémathèque algérienne (rue Larbi-Ben-M?hidi, Alger) du samedi 15 mai au jeudi 27 mai, tous les jours à 12h 30 et 18h.