Documents - Les Etats-Unis ont torturé des opposants islamistes libyens avant de les remettre au régime de Mouammar Kadhafi sous la présidence de George W. Bush. C'est ce qu'a affirmé ce matin l'ONG Human Rights Watch, citant des documents et témoignages. «Non seulement les Etats-Unis ont livré à Kadhafi ses ennemis sur un plateau, mais il semble que la CIA en a d'abord torturé de nombreux», écrit Laura Pitter, auteur du rapport de l'ONG, selon laquelle «l'étendue des abus commis par l'administration Bush semble bien plus vaste que jusqu'à présent reconnu, ce qui démontre l'importance d'une enquête approfondie». Selon le rapport, plusieurs membres du «Groupe islamique de combat libyen», mouvement soupçonné de liens avec Al-Qaïda qui avait par la suite rejoint le soulèvement anti-Kadhafi, ont été arrêtés dans le cadre de la "guerre contre le terrorisme" lancée par l'administration Bush dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. Au moins cinq ont assuré avoir subi de «graves sévices» dans deux centres de détention qui auraient été tenus par la CIA en Afghanistan, notamment des «simulacres de noyade et autres tortures à l'eau». D'autres ont été enchaînés pendant des semaines ou des mois au mur, battus, jetés contre des murs ou empêchés de dormir en étant soumis à de la musique occidentale jouée à fort volume, selon les témoignages recueillis par HRW. Un de ces détenus, Khalid al-Sharif, est aujourd'hui chef de la garde nationale libyenne. Le rapport est basé sur des documents découverts début septembre 2011 après la chute de Tripoli dans le bureau de Moussa Koussa, ancien chef des services secrets libyens, précise HRW. Après la découverte de ces documents, Abdelhakim Belhaj, ancien jihadiste devenu commandant militaire de Tripoli après la chute de Kadhafi, avait accusé l'ancien gouvernement britannique de Tony Blair d'avoir autorisé en 2004 les services secrets britanniques à donner à la CIA les informations permettant de le livrer au régime du dictateur libyen, qui l'a ensuite torturé. L'administration Bush avait reconnu avoir utilisé des simulacres de noyade sur trois détenus arrêtés après le 11-Septembre, défendant cette pratique comme nécessaire pour obtenir des renseignements permettant de prévenir de nouvelles attaques. Barack Obama a fait mettre un terme à ces pratiques après son accession à la présidence en 2009, les qualifiant de torture.