Scène - Asfar Enar el Barida est l'intitulé de la pièce présentée, hier, en compétition, sur les planches du Théâtre national. Cette représentation entre dans le cadre de la 7e édition du Festival national du théâtre professionnel. C'était donc au tour du Théâtre national (TNA) d'entrer en lice au 9e jour du festival. Le texte est de Saïd Hamoudi et la mise en scène scénographie de Haïdar Ben Hocine. La pièce raconte l'histoire d'un écrivain dont le sort oscille entre le défi de son existence et l'autoritarisme du sultan. Les écrivains ne sont rien d'autre que des poètes animés par le rêve et le mystère. C'est là l'un des enseignements pouvant être tirés de cette pièce. La première chose par laquelle le public est interpellé est la scénographie, inhabituelle et insolite. La pièce s'ouvre sur un espace presque vide : juste un banc, une table et deux autres accessoires. L'originalité de la pièce n'est nullement le décor. Le metteur en scène n'en fait pas d'ailleurs une priorité. L'essentiel pour lui n'est pas ce que contient l'espace, mais ce qu'il est. Puisque l'espace suffit à lui-même. Il est en soi la scénographie, même s'il se révèle quasi vide. Le vide devient, au premier degré, un élément scénique, auquel s'ajoute l'éclairage, qui, lui, s'avère une expression fort démonstrative, un langage à part entière. La lumière confère à la scène une texture, lui crée une situation et, en même temps, le signifie. Haïdar Ben Hocine fait montre d'audace et de pertinence aussi bien dans la mise en scène que dans la scénographie. Il y a un sens de la réflexion quant à l'approche du texte au niveau de la forme scénique. En plus, le texte – même s'il est fort, profond et percutant, il est d'ailleurs substantiel – se présente dans la manière dont il est joué comme un prétexte au jeu. Celui-ci perd toute présence scénique. Il n'est qu'un plus, un accessoire – la pièce aurait pu être jouée sans le texte. Il n'est plus l'outil par lequel la pièce se dit. Parce que la forme prend le dessus sur le contenu. C'est à travers la forme que la pièce revêt une poétique exceptionnelle. Même les comédiennes et comédiens, lorsqu'ils jouent, paraissent effacés, seuls leur corps et leur présence scénique investissent avec force la spatialité. Autrement dit, Haïdar Ben Hocine, lorsqu'il s'adonne à son jeu de création, fait abstraction de toutes ces choses traditionnelles auxquelles la plupart des metteurs en scène s'abandonnent ou se livrent pour monter une pièce, à savoir le texte, les personnages ou encore le décor. Pour donner du contenu et une portée esthétique à son travail, Haïdar Ben Hocine se base donc essentiellement sur l'espace, l'éclairage et la manière dont les comédiennes et comédiens interprètent leur personnage, à savoir la mise en scène. Et cette dernière s'illustre admirablement dans la gestuelle, le mouvement corporel, les déplacements. La pièce prend aussitôt des tournures relevant de l'abstrait. Cet abstrait qui attire étrangement l'attention, est déroutant. Il crée une perplexité qui est poussée jusqu'à son paroxysme.