Manifestation - Une ambiance festive a régné au niveau de la grande placette de la ville d'Illizi qui a baigné dans des rythmes folkloriques variés depuis l'ouverture du festival qui s'est clôturé jeudi. Beaucoup de danses folkloriques aux rythmes des textes touareg ont fait bouger le public d'Illizi, venu en masse, durant les 5 jours du festival. En parallèle, les compétitions se déroulaient entre les troupes participantes sous l'œil critique d'un jury composé de professionnels de la musique en général et de la chanson targuie en particulier. Illizi a donc baigné dans une ambiance de fête qui se veut un canal de préservation du patrimoine culturel immatériel des Touareg et l'identité ancestrale locale, selon le commissaire du festival Mokhtar Guermida. Ce dernier a noté le recul flagrant du luth et «l'invasion de la guitare électrique» dans la musique targuie. «On cherche la relève du luth et le recours à l'instrument traditionnel, à travers le festival.» Pour sa part, Faradj Bawani, membre du commissariat du festival, estime que «la guitare a vaincu le luth et il y a un recul de la tenue traditionnelle locale chez les nouvelles générations». Le secrétaire général de la wilaya, a, de son côté, rappelé l'importance de la musique et du chant local dans cette région dont la musique et la culture d'une façon générale, sont liées à la vie des personnes. «La réussite de cette festivité est due aux efforts déployés par la tutelle et la volonté des autorités locales d'encourager la persévérance de ce patrimoine immatériel», a-t-il estimé. La rude compétition entre les troupes de 16 jeunes chanteurs, a permis d'évaluer les candidats selon certains critères, à savoir le texte, la composition, l'exécution et l'habit traditionnel. Ce qui a donné la chance à 3 jeunes de décrocher les premières places en matière de chant sur scène. Amari Idriss de Djanet, a eu le 1er prix, suivi de Badi M'barek de Aïn Guezzam et de Mohamed El-Kheir Lamini. Trois autres prix ont été dédiés aux meilleures troupes. A savoir Tatrite de Bordj Badji Mokhtar, Asikel Anmane de Djanet et Tafouk Nahagar de Tamanrasset. 3 prix d'encouragements ont été décernés à la troupe Adrane et aux chanteurs Hocine Dadi (In Amenas) et Djamel Mahou (Djanet). Le jury était formé de Oukacem Youcef (poète targui de Djanet), Amoud Tafkik (producteur à la radio Illizi), Youcef Kelloum (artiste compositeur) et les responsables d'instituts de musique à Bouira et Annaba, Djelloul Djemouai et Mouncif Hesnaoui. Selon Oukacem, la chanson targuie est passée de l'izili (sans l'instrument), au tindi et à l'imzad puis au luth grâce à Othmane Bali et enfin à la guitare. Il estime que les festivals ont un rôle important pour la promotion de leur art local et a noté que lors des précédentes éditions, le luth régnait. Sur l'absence de la participation de la gent féminine, il estime que cette réticence, est due à la tradition de la femme qui a, depuis longtemps, chanté uniquement en groupe. Pour sa part, Youcef Kelloum, constate «le manque flagrant des connaissances musicales des candidats, «les jeunes ont beaucoup de talent et de volonté. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut mettre l'accent sur le volet formation, si on veut aller loin et leur donner les moyens de se qualifier», a-t-il souligné.