Cérémonie - Le lever de rideau sur la 4e édition du Festival international du théâtre a eu lieu, hier, à Béjaïa. La cérémonie d'ouverture a été marquée, dans un premier temps, par un programme d'animation dense et divers, allant du folklorique (danses et exhibitions traditionnelles : mozabite, kabyle, aurésien, allaoui, targui) au clownesque, le tout rehaussé par des spectacles de rue. C'est ainsi que le public, nombreux, a pu assister à un défilé de carnaval. La procession était éclectique et colorée. La cérémonie a été, en outre, marquée par le jeu démonstratif et pittoresque de la fantasia : des cavaliers défilaient et, à un moment, de leur représentation, laissaient échapper de leurs fusils des salves de baroud. A cela s'ajoutait la procession de personnes portant des masques géants à l'effigie des grandes figures du théâtre algérien, à l'exemple de Hassan El-Hassani ou encore de Mahieddine Bachtarzi. La poésie était également au rendez-vous : Kada Ben Chmissa a déclamé des poèmes à la manière populaire. Plus tard, le public a pu assister à une reconstitution du rituel de Yenayer, puisque celui-ci revêt une théâtralité, donc une dramaturgie. En effet, Yenayer, tel qu'il a été présenté au public, proposait une mise en scène pareille à celle utilisée sur les planches. L'ambiance était à la fête : chants et musique rythmaient chaque moment, chaque instant était vécu comme un partage et une rencontre avec l'autre. Ce n'est que, plus tard, que le coup d'envoi officiel de la 4e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa a été donné avec un spectacle d'ouverture, à savoir la pièce Iftirad ma hadatha fiâlen (hypothèse de ce qui s'est réellement passé), proposée par le Théâtre régional d'Oum El-Bouaghi, et qui, pour rappel, a remporté le grand prix du 7e Festival national du théâtre professionnel (2012). La pièce, mise en scène par Lotfi Bensbaâ, d'après un texte du dramaturge irakien, raconte l'histoire de huit aliénés et l'histoire se déroule dans un hôpital psychiatrique. Une nuit, les personnes en question, profitant de l'absence du directeur de l'asile, se livrent à un jeu inhabituel : tous se transforment, à la faveur de ce jeu improvisé, en une milice qui obéit à un maréchal (incarné par le comédien très agile, Hichem Kerkae), conseillé très subtilement par son homme de confiance (rôle joué par Seif-Eddine Berkani). Le jeu est entamé lorsque le conseiller du maréchal vient lui apprendre qu'une stèle érigée à la mémoire du Soldat inconnu a été érigée, mais qu'il n'y a aucun soldat à enterrer, puisque leurs contrées vivent de paisibles et prospères jours. Le maréchal tente de convaincre une de ses «ouailles» d'être enterrée vivante, mais il se heurte au refus catégorique de cette personne, qui ne souhaite pas se sacrifier pour une abstraction. En d'autres termes, mourir pour l'histoire. Et cela s'avère un concept abstrait.