Témoignage n «Je me suis rendu compte que c'est un chemin qui ne mène nulle part. On perd ce qu'on a de plus cher, à savoir sa santé. Parfois, j'ai pitié de moi-même : je me mutile avec une lame, vous voyez toutes ces traces sur mes bras...». C'est le témoignage bouleversant de Hamza, un jeune toxicomane rencontré au centre de proximité de prévention et de psychothérapie d'Alger. Le visage pâle, le corps frêle et les bras mutilés, Hamza poursuit lentement, d'une voix grave et les larmes aux yeux : «Quand je vois mes photos il y a quelques années en arrière, j'ai envie de pleurer en voyant comment j'étais et dans quel état je suis aujourd'hui, ça fait vraiment très mal. Je me suis rendu compte que je ne suis plus la même personne.» Ce jeune, âgé de 24 ans, a commencé à prendre de la drogue dès l'âge de 13 ans «en s'amusant avec des amis de quartier». Au fil des années, nous raconte-t-il, c'est devenu une addiction, il faisait tout pour avoir sa dose de la journée. «J'ai même volé pour en acheter», nous dit-il, non sans regret. Aujourd'hui Hamza a décidé de sortir définitivement de ce milieu «pourri», pour reprendre ses termes. Cela fait quinze jours qu'il est pris en charge au niveau de ce centre. «Je prends des médicaments et Hamdoullah je me sens vraiment bien. C'est grâce à mes parents que je suis venu, ils m'ont proposé et j'ai tout de suite accepté car je veux en finir avec tout ça», raconte ce jeune, l'air déterminé à rompre avec ce milieu. Pour son père, qui l'accompagne chaque mardi, le jour de sa consultation au centre, «c'est la mauvaise fréquentation qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui». «On ne savait plus quoi faire en voyant notre fils se mutiler, perdre du poids et devenir quelqu'un d'autre», nous raconte ce père, attristé par l'état de son fils. «Des amis nous ont orientés vers ce centre, et depuis son état s'est nettement améliorer. Maintenant Hamdoullah il a arrêté de prendre les psychotropes, il consomme toujours le cannabis mais il a commencé à réduire parce que c'est très difficile d'arrêter d'un seul coup», nous fait savoir ce père. Amine, un autre jeune de 21 ans rencontré au centre, nous apprend qu'il a pris de la drogue pour la première fois à l'âge de 17 ans. «Je commençais à fumer sans savoir même ce qu'il y avait dans la cigarette. Ensuite, quand je suis dans un état de nervosité, je fume pour me sentir mieux. Je suis trop stressé, les gens me fuient et me regardent de travers, je me sens anormal», nous raconte t-il. Amine dit en avoir «marre de cette situation», c'est pour quoi il a décidé de se débarrasser définitivement de cette drogue qui lui empoisonne la vie. «C'est grâce à mes parents, qui m'ont soutenu, que je suis venu ici. Cela fait une semaine que j'ai commencé à me faire suivre et depuis je n'ai rien pris Hamdoullah», nous dit-il fièrement. B. M.