Bab Ezzouar Warda s?ennuie dans sa vie de couple. Elle décide de prendre un amant. Mais voilà que son mari découvre son secret. Warda, un tel prénom lui allait à merveille. Elle avait, en effet, la beauté de la rose et sa fragilité. Sans effort, elle séduisait hommes et femmes. Sa mère, Fatima, veuve très tôt, la préférait à toutes ses filles. «Ce n?est pas parce qu?elle est la plus belle, mais c?est parce qu?elle est la plus gentille avec moi, dit sa mère. Quand je suis fatiguée, de ses mains douces et blanches elle vient me masser le dos, les pieds. Elle rit quand je la gronde. Elle est généreuse même quand elle se prive.» A dix-huit ans, Warda se marie avec son cousin Slimane. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Son c?ur est encore vierge et elle est ravie d?admirer les belles robes et les cadeaux qu?on lui a offerts. Les années passent. Slimane est toujours amoureux de sa femme, mais cette dernière ne sent pas son c?ur battre. Devant son miroir, elle rêve et s?impatiente de voir sa beauté éclater, en vain. Warda s?ennuie et veut vivre. Elle sort afin de traiter sa stérilité. En réalité, elle se préoccupe peu d?avoir ou non des enfants. C?est beaucoup plus une occasion de respirer, de se faire admirer par des hommes, des hommes qu?elle voit dans ses rêves : instruits, riches, bien élevés, tout ce que son mari n?a pas et n?aura jamais. Elle tombe amoureuse à chaque regard brûlant, à chaque visage viril et beau. Son c?ur se réveille et la harcèle. Alors, Warda cède et se lance corps et âme dans l?adultère ! Avant de «plonger», elle a demandé sa liberté à son mari. Mais ce dernier, toujours amoureux malgré l?humiliation, jure sur le Saint Livre qu?il ne divorcera jamais. Elle hausse donc les épaules et brave l?interdit. Par une nuit pluvieuse, Warda se retrouve seule dans l?appartement qu?un de ses amants lui a prêté. Des coups discrets à la porte d?entrée se font entendre. Elle se précipite, croyant à une visite amoureuse. C?est la mort qu?elle voit dans le regard sombre de son mari. Slimane est armé d?un long couteau. Il frappe, frappe, lavant dans le sang son honneur. Tous les voisins ou presque étaient présents au tribunal d?Alger, le 12 mai 2004, pour soutenir le mari trompé qui a tué sa femme. Seule Fatima, éplorée, est venue défendre sa défunte fille. «Elle était si belle. Elle aimait tellement la vie? Elle était si bonne avec moi?» Prenant la parole, le représentant du ministère public tente de relever les contradictions de l?accusé, en insistant sur le rapport de l?expertise médicale qui ne fait mention, à aucun moment, d?une quelconque maladie mentale ou autre. A la fin de son intervention, le procureur de la République requiert la peine capitale contre l?accusé. Dans sa plaidoirie, la défense reviendra longuement sur les moments difficiles traversés par l?accusé. Lors des délibérations, le jury, tenant compte des circonstances atténuantes, condamne Slimane à vingt années de réclusion criminelle.