Impressions - Corruption, exploitation des petits gisements, indépendance énergétique, nouvelle loi sur les hydrocarbures et bien d'autres sujets ont été abordés hier par Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach au Forum du quotidien Liberté Il a mis tous ces scandales de pots-de-vin sur le compte de la centralisation des décisions et la hausse des recettes pétrolières générées par l'entreprise durant la dernière décennie. «Il y a plusieurs niveaux d'intermédiation entre les ingénieurs et les directeurs, alors qu'il faut décentraliser les décisions pour éviter la corruption», a-t-il dit . «Je suis désolé, car je me mets à la place des travailleurs de Sonatrach. Ça doit être douloureux. Suite à ces affaires, les cadres de la compagnie ne vont pas prendre d'initiatives», a-t-il ajouté. «Du temps où j'étais P-DG de la compagnie, je n'avais jamais signé de contrat. Les cahiers des charges sont élaborés par des ingénieurs et les contrats signés par les directeurs concernés», a-t-il ajouté. Hormis la décentralisation des décisions, durant la fin des années 1990, «il n'y avait pas autant de projets, ni autant d'argent», a-t-il fait remarquer, en suggérant un nouveau management pour l'entreprise. M. Attar a attiré l'attention des journalistes sur le fait qu'il n'était plus possible de découvrir des gisements pétroliers ou gaziers de l'envergure de ceux de Hassi Messaoud ou de Hassi R'mel, en précisant que seule la découverte de gisements marginaux était encore possible. «La nouvelle loi réduit les taxes imposées aux compagnies pétrolières, ce qui leur permet d'investir dans les gisements marginaux qui n'étaient pas rentables jusqu'ici à cause justement des anciennes taxes». «Avec la révision à la baisse de la redevance et de la taxe sur le revenu pétrolier ces gisements sont devenus plus rentables», assure M. Attar. L'exploitation des petits gisements s'impose désormais comme une nécessité pour développer la production. «Notre pays compte 50 gisements marginaux à exploiter, notamment à Ouargla, Hassi Messaoud et autour du site gazier de Tiguentourine», explique l'orateur. Pour lui, «les réserves de pétrole seront épuisées en 2030 et celles de gaz en 2040. La compagnie nationale a souffert de la pression de l'Etat qui voulait plus de rentrées en devises. Il faut préciser qu'aujourd'hui et très probablement dans le futur, l'Algérie sera plus un pays gazier que pétrolier, dans la mesure où la part de ses réserves et de sa production en gaz naturel pèsera de plus en plus dans sa balance énergétique du fait que la production gazière est accompagnée d'une importante production de condensat.» «Si on totalise toutes les réserves, soit environ 1 900 millions de tonnes qui restent à produire, et sur la base d'un profil de production que je ne connais pas avec précision mais qui devrait en principe tenir compte non seulement des besoins du marché national mais aussi et surtout des capacités de production de chaque gisement qui déclinera progressivement, on peut estimer que l'Algérie ne pourra presque plus rien exporter dans 25 à 30 ans, à moins que la Sonatrach ne nous surprenne avec de nouvelles découvertes susceptibles de reporter cette échéance», a relevé M. Attar.