Représentation - La Journée mondiale du théâtre a été célébrée, hier, au Théâtre national algérien. Cette journée a été marquée, dans un premier temps, par un montage poétique d'après un texte – un recueil de poèmes – de Abderezzak Boukeba, mis en scène par Ali Abdoun. Cette mise en scène évolue dans une scénographie minimaliste, réduite au strict minimum, à l'essentiel : le décor est composé de boîtes en carton éparpillées, ouvertes et empilées les unes sur les autres... Le jeu, quant à lui, est agrémenté, voire rendu saillant grâce à des illustrations musicales signées Chergui Zakaria au violon et Yazid Bekkari à la guitare. Leur jeu musical a rendu l'atmosphère, dans laquelle évoluent les personnages, forte et chargée d'émotions. Il a rendu dans un jeu démonstratif l'expression poignante et saisissante. Cette performance à la fois poétique et théâtrale a été présentée à la petite salle Hadj Omar du TNA. La pièce, intitulée ‘La boussole de l'errance', a été interprétée par Sofiane Atia, dans le rôle d'El Walhy, Djamila Bahr qui a incarné le personnage de Shahrazed et Sali celui de Chaïtana. Tous trois ont su attirer l'attention du public et ce, dans une interprétation scénique convaincante et fleurie, rehaussée par un lyrisme évident, alimenté par la langue poétique dans laquelle les trois protagonistes se sont brillamment illustrés. La pièce raconte l'histoire d'El Walhi, un poète confronté à son inspiration, c'est-à-dire à ses propres muses ; il vit une situation conflictuelle intérieure causée par Sahahrazed et Chaïtana. Deux muses, donc deux sources d'inspiration, l'une s'opposant à l'autre ; toutes les deux s'opposent. Car si la première incite le poète au conservatisme, la seconde se veut tentatrice. Elle tient à donner libre cours à ses idées et à sa verve. Autrement dit, chacune se distingue par un style d'écriture et édicte le souffle poétique d'El Walhy. Cette différence, voire cette rivalité, cette adversité poétique jette l'émoi dans l'esprit et l'âme du poète, perturbe sa sensibilité ; dérouté, en proie à l'éparpillement, El Walhy, déboussolé, se sent confus, confondu, ballotté entre ses deux muses ; chacune va user d'un argumentaire éloquent lascif, sensuel pour persuader le poète de l'inspiration à choisir. Il est tiraillé par un esprit conservateur et une âme entreprenante. Entre la retenue et l'emportement, El Walhy se bat, dans une errance intérieure, tantôt contre ses muses tantôt contre lui-même ; il est sujet à la tentation ; et celle-ci est fort obsédante. - Dans la soirée, le public a pu assister, dans la grande salle du TNA, à la représentation de ‘132', du dramaturge et regretté Ould Abderrahmane Kaki ; cette pièce – une référence – qui fait désormais partie du répertoire théâtral algérien, a été présentée, dans sa nouvelle version, mais sans pour autant altérer son concentré dramaturgique, par l'association culturelle Ould-Abderrahmane-Kaki. Cette pièce mise en scène par Mohamed Tekiret, est, comme son titre l'indique, une fresque historique, une épopée retraçant l'héroïsme du peuple algérien ; elle raconte, à travers des étapes historiques, du lendemain de l'occupation jusqu'au recouvrement de la souveraineté nationale, son combat contre l'occupation française et les sacrifices consentis durant plus d'un demi-siècle. La Journée mondiale du théâtre a été proclamée en 1961 par l'Institut international du théâtre. Fêtée à l'échelle mondiale, cette journée se distingue par la tenue de nombreuses activités théâtrales mais surtout par la diffusion du message international de la Journée mondiale du théâtre dont la rédaction est confiée, à chaque édition, à une figure de l'art et de la culture internationalement reconnue. Pour cette année, le message est signé par l'écrivain, dramaturge, metteur en scène, mais aussi titulaire du Prix Nobel de la littérature (1997) et du Molière de l'auteur (2000), l'Italien Dario Fo.