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Histoires vraies
Pour être libre (1re partie)
Publié dans Info Soir le 17 - 04 - 2013

«Bonjour, mademoiselle Mathilde ! Une baguette, comme d'habitude ?»
Sourire, bruit de caisse enregistreuse, monnaie...
Baguette sous le bras, Mlle Mathilde file sur le trottoir glacial, pour son parcours habituel. Une fois la journée de travail achevée, la porte du bureau refermée, elle entame une autre journée.Une journée de devoir. Les courses pour le dîner, les journaux, l'ascenseur, l'appartement qu'elle occupe avec sa mère depuis vingt ans.
«Bonsoir, maman, je sors le chien.»
Maman est une statue dans un fauteuil depuis vingt ans. Et depuis vingt ans, Mathilde se lève à l'aube pour les soins, et se couche à minuit, pour la même raison. Mme veuve Harvet ne supporte pas d'autre infirmière que sa fille unique. Infirmière, femme de chambre, cuisinière, dame de compagnie, souffre-douleur.
Le chien renifle le trottoir. II prend son temps et Mathilde peut fumer l'ultime cigarette de la journée. Là-haut, elle ne pourra plus. A la moindre odeur de tabac, elle entendrait hurler :
«Et mon asthme ? Tu veux ma mort ?»
Immédiatement suivi par des commentaires sur le sujet :
«Cette manie de sucer des bouts de papier... c'est d'un vulgaire ! Tes vêtements empestent ! Tes cheveux empestent ! Je me demande comment tes collègues le supportent !»
Mathilde a essayé les parfums pour couvrir son vice. Ça n'a pas marché non plus.
«Ma pauvre fille ! Il n'y a que les cocottes ou les duchesses pour supporter ça !»
Mathilde a quarante-deux ans. Ni cocotte, ni duchesse, ni rien. Rien qu'une employée. Un petit clerc de notaire en jupe triste, avec des cheveux tristes, des yeux tristes derrière des lunettes tristes. Rien qu'un portefeuille aussi. Pour assurer à une mère paralysée et acariâtre le maximum de confort. Payer les traites de l'appartement, payer les caprices, payer... payer...Travailler pour payer et soigner une mère qui ne lui rend que des aigreurs.
«Tu en as mis du temps ! Ce chien passe avant moi, évidemment !»
Ce chien ? Il est pourtant à elle, ce chien ! Elle l'a voulu ! Et elle le déteste. Elle déteste tout et tout le monde, d'ailleurs. La voisine, la concierge, le médecin, le facteur, le soleil, la pluie, les rideaux de sa chambre et même les nouvelles de la journée.
«Et mon porto ?»
Il lui faut un petit verre de porto, a sept heures du soir, tous les soirs, sur un petit plateau d'argent, avec quelques biscuits salés. Il faut, pour cela, que Mathilde la prenne dans ses bras et la sorte de son fauteuil roulant. Il faut qu'elle la dépose sur le divan, il faut qu'elle lui masse les jambes, a genoux comme une esclave, puis file à la cuisine, serve, desserve, écoute les griefs et les réflexions désobligeantes : «le poisson est mal cuit», «elle est coiffée comme un plumeau»,«elle n'a jamais rien à dire», «la radio ne dit que des bêtises», «les journaux sont stupides». Et elle n'a plus de roman à lire, la compote de pommes est infecte... Puis l'eau du bain sera trop froide ou trop chaude, les oreillers trop mous, et Mathilde décidément ne comprend rien aux échecs, c'est à croire qu'elle fait exprès de perdre !
Fatigue... fatigue, dégoût, humiliation, lassitude... Il est minuit et Mathilde ne dort pas... Elle rêve...
La défunte était âgée de soixante-quatre ans. Malade depuis plus de vingt ans, paralysée à la suite d'un grave accident de voiture, au cours duquel son mari a trouvé la mort. (A suivre...)


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