Résumé de la 31e partie - Le docteur dit à son infirmière que c'est lui-même qui irait prendre des nouvelles de Mme Triel... Il aurait dû normalement le faire quand il m'a dit les noms des différentes personnalités de la ville ou des environs. Une châtelaine, ça compte ! surtout quand elle est veuve, jeune et jolie ! A moins que ?... Il faudra que je me renseigne vite, car l'idée qu'un garçon aussi faible que lui aille chez une femme pareille ne me plaît pas. Elle est dangereuse, cette Christiane, avec sa féminité un peu maladive et sa sensibilité frémissante...» Comme je l'avais décidé la veille, j'ai commencé ma tournée par une visite au château. J'éprouvai une curieuse sensation à franchir le portail d'entrée en voiture... C'était bien la première fois que je pénétrais dans ce parc tant convoité quand j'étais enfant et que je m'approchais de ce château devenant de plus en plus pour moi celui de la Belle au Bois Dormant... Celle-ci m'accueillit avec beaucoup de simplicité sous les traits de Christiane. Je la retrouvais telle que je me l'étais toujours imaginée pendant cette séparation qui, pour moi, avait été interminable : elle m'apparut encore plus belle, plus désirable surtout... Elle se tenait droite dans le petit salon où la femme de chambre m'avait introduit après que je me fus nommé. Les yeux noirs, aux cils immenses, se posèrent aussitôt sur les miens... Le regard n'avait pas changé il ne changerait jamais pour moi, je le savais déjà avec sa sensualité un peu lourde... C'était toujours le regard d'une amoureuse dans l'attente... C'étaient aussi, par moments, les yeux d'une jeune fille qui n'ont rien perdu de leur luminosité et semblent ne pas s'être attachés au visage déjà disparu de celui dont elle portait le nom... C'était la jeune veuve. Les cheveux que j'avais encore connus flous le soir de 1939 où nous nous étions dit au revoir, sans nous douter que tant de choses nous sépareraient ensuite, étaient noués en un catogan d'ébène descendant très bas sur la nuque. C'était charmant. La silhouette enfin était bien restée celle de la Christiane que j'avais adorée - et que j'aimais toujours - mais l'attitude était devenue celle d'une femme. Nous nous parlâmes comme si notre séparation datait de la veille. Il sembla que rien ne nous gênât vraiment, alors que nous redoutions tant, depuis des mois, de nous retrouver face à face ! Les premiers mots échangés furent certainement ceux que le destin avait dû prévoir sans que ni elle ni moi, ne pûmes nous rendre compte que tout ce que nous disions nous dépassait déjà, était plus fort que nous, venait directement de nos cœurs inassouvis. Ces mots, faits de quelques reproches et de beaucoup d'amour renaissant, comment pourrais-je les oublier ? — Tu n'as pas changé, Denys.,. — Toi non plus, Christiane... Comment te sens-tu ce matin ? — C'est donc le médecin qui est venu me voir ? — Mais oui ! Mon devoir n'est-il pas de contrôler les soins que t'a donnés mon assistante ? (A suivre...)