Constat - Difficile d'avancer une quelconque statistique fiable, mais ce qui est sûr et même certain, c'est que les erreurs médicales font des dégâts. Même si elles restent un sujet tabou peu évoqué. Le ministre de la Santé, abordant ce sujet, a évoqué l'existence d'un vide juridique, la législation en vigueur ne prévoyant aucune disposition en la matière. «C'est la justice qui tranche dans la responsabilité juridique en cas d'erreurs médicales», a indiqué Abdelaziz Ziari qui répondait aux préoccupations d'un député de Médéa sur la réparation des préjudices causés par les erreurs médicales, lors d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales. Soulignant que les cas d'erreurs médicales existent partout dans le monde, le ministre a précisé que les plaintes déposées au niveau de son département font l'objet d'enquêtes pour déterminer la responsabilité civile, qu'il s'agisse du secteur public ou privé. Dans le cas où l'erreur serait commise dans une clinique privée, la responsabilité incomberait à cette dernière qui sera fermée jusqu'à ce que la responsabilité soit déterminée. Si en revanche, l'erreur médicale concerne le secteur public, une enquête sera ouverte pour déterminer les responsables (gestionnaires ou praticiens du corps médical), a conclu le ministre. Il convient de rappeler qu'en avril dernier, le président du Conseil national de l'ordre des médecins, avait indiqué, qu'au moins une centaine de plaintes liées à des erreurs médicales sont relevées par son organisation, estimant toutefois que le nombre était «beaucoup plus élevé que les statistiques officielles». «Nombre de personnes sont victimes chaque année d'accidents médicaux ou d'erreurs médicales, plus de 500 par an, provoquant pour certains des séquelles sévères et indélébiles», avait déclaré Bekkat Berkani Mohamed, lors d'une journée de formation, consacrée à ce sujet à l'hôpital de pédiatrie d'El-Harrach. Il avait soutenu que le médecin «doit obligatoirement avoir les moyens excluant l'obligation de résultats», tout en regrettant le manque ou parfois l'absence de ces moyens. Répondant à diverses questions lors des débats, le médecin doit, a-t-il dit, «entretenir l'espoir, notamment dans un pays musulman comme le nôtre où le patient est généralement fataliste». Nos compagnies d'assurances «ne sont pas à la hauteur pour défendre et rembourser le malade en cas de nécessité». Il recommandera aux praticiens de ne pas omettre d'établir les constats médicaux à chaque auscultation, «cela pourrait les sauver» en cas de plainte du malade auprès de la justice. Estimant que les «solutions idoines existent», le Dr Bekkat Berkani avait plaidé pour un «rattrapage rapide des retards accusés dans la mise à niveau des infrastructures hospitalières, notamment dans certaines régions du pays, où la couverture sanitaire et médicale accuse un déficit flagrant».