Résumé de la 50e partie - Marcelle se rend au cimetière pour confier ses craintes à ceux qui ont été emportés par le mal monstrueux... Toi que des mourants implorent en serrant dans leurs mains crispées ce fétiche qu'ils appellent le chapelet... Je vous salue, Marie, pleine de grâce... Combien de fois n'ai-je pas entendu des lèvres agonisantes faire un dernier effort pour balbutier ces mots qui semblaient leur faire du bien ? Et tu es là, comme tu es dans toutes les églises du monde, me regardant avec calme, presque souriante... Tu es fière de ton enfant ! Ça se sent... Tu le montres à tous les passants avec orgueil ! Mais il n'y a pas que toi qui aies un enfant ! Toutes les femmes ont eu au moins un enfant ! Toutes... sauf moi ! Moi qui n'ai rien que la menace d'une mort hideuse après avoir vécu seule, sans affection... Ton regard sur moi n'est cependant pas un défi : on dirait que tu as pitié. Serais-tu la première, toi qui n'es pas de chair ? Si c'était vrai, fais quelque chose ! Fais que l'analyse au microscope amène sur les lèvres de Berthet la phrase que j'espère : «Ce n'est pas cancéreux !»... Alors seulement pourrai-je peut-être commencer à croire en toi, comme les autres ! Pourquoi y a-t-il toujours des cierges allumés devant ta statue ? Ces petites flammes, ça rappelle les enterrements et la mort... Je veux vivre !» —... Et je m'enfuis de l'église en me demandant si je ne venais pas, malgré moi, de faire ce que l'on appelle une prière. Non ! Je ne pouvais pas avoir prié ! Je n'en ai jamais été capable : c'est humiliant, la prière... C'est une marque d'avilissement chez l'homme qui n'implore que parce qu'il reconnaît son impuissance devant des forces terribles qui le dépassent. Je suis forte ! — ... Le lendemain matin je subis le bronchoscope. On me fit une insensibilisation locale du visage et du thorax. J'entends encore la voix calme de Berthet dire, quand ce fut terminé : - «C'est fini. Je ne vous ennuierai plus, Marcelle... Pouvez-vous revenir dans huit jours pour que je vous indique le traitement à suivre ?» Dans huit jours ? Cela voulait dire qu'il avait profité de l'insensibilisation locale pour faire son prélèvement... Je promis de revenir. — Huit jours qui furent atroces. J'ai lutté désespérément contre la peur qui m'envahissait de plus en plus au fur et à mesure que l'échéance fatidique approchait. Je me répétais cent fois par jour : «Le résultat de l'examen microscopique ne peut pas, ne doit pas être positif !» J'aurais voulu être dans le laboratoire, que je connaissais par cœur, après y avoir travaillé pendant des années, pour éviter qu'il n'y eût la plus petite erreur à mon détriment. Je savais les moindres phases de l'observation méthodique que l'on était en train de pratiquer sur ma chair... Pendant ces huit jours, j'ai lu et relu tout ce qui avait été publié ou divulgué sur le cancer du poumon. Je me suis renseignée aussi pour avoir l'adresse exacte de ce savant autrichien - était-ce vraiment un savant ? - qui affirmait dans des interviews de presse avoir découvert le sérum du cancer. Après tout, pourquoi mentirait-il ? Pourquoi ne l'aurait-il pas découvert ? (A suivre...)