Résumé de la 58e partie - Marcelle qui va consulter l'Autrichien, est surprise quand ce dernier lui demande de ne payer que le médicament, pas la visite... Elles sont là : demain matin je commencerai la série. Qu'est-ce que je risque au point où j'en suis ? Si ce sérum mystérieux, que j'aimerais quand même pouvoir analyser, peut seulement me prolonger, ce sera déjà très bien... «En ressortant de chez l'Autrichien, j'étais assez désappointée malgré l'optimisme se dégageant de sa personne et qui me changeait du visage sévère de Berthet. L'idée de suicide me hantait de nouveau. Je me demandais - et je me demande toujours - si mon mal n'est pas héréditaire. Parmi tous les rapports que j'avais lus pendant les huit jours d'attente qui avaient précédé le diagnostic final de Berthet, l'un d'eux m'avait vivement frappée. II émanait d'un autre spécialiste viennois, mais officiel celui-là : le professeur Léopold Schoenbauer, chef de la première clinique chirurgicale de Vienne qui, avec de nombreux médecins autrichiens, a depuis 1919 procédé à une enquête très poussée sur les origines des affections cancéreuses. Dans son rapport, cet éminent praticien révèle que, sur 36 jumeaux du même sexe observés, 5 cas de cancer ont été notés au même âge et au même endroit chez les deux sujets. Dans deux cas, les affections cancéreuses étaient différentes, et dans trois cas, le même organe était atteint. Enfin une étude portant sur la descendance d'époux, ayant été tous deux atteints du cancer dans leur jeunesse, a décelé des affections cancéreuses chez un tiers de leurs descendants. — Mes parents, ma mère surtout, ont été tous deux enlevés par le mal relativement jeunes. Ce serait monstrueux qu'ils ne m'aient laissé que ça comme dot... — Je sais bien qu'il y a aussi le cas de cette doctoresse italienne qui s'est inoculé le cancer sur elle-même, sans parvenir à faire prendre le virus ! Moi, si j'en avais le courage jusqu'au bout, je serais un excellent cobaye. Inutile de m'inoculer le mal : je l'ai. — Ne seraient-ce pas plutôt tous ces malades, que j'ai côtoyés pendant des années à Villejuif, qui m'auraient transmis leur mal ? Je les hais maintenant ces misérables qui m'ont remerciée ainsi de m'être consacrée à eux ! En vérité, je ne sais plus... Je n'en sais pas plus que les Berthet, les Schenck, les Lumière, les Schoenbauer, que tous... J'ai cherché aussi s'il existait d'autres remèdes que ce sérum apporté ici. — ... Il y a bien le H-II... Est-ce plus sérieux que le reste ? Le docteur Gordon Ward le prétend dans le Medical World qui n'est cependant pas le journal officiel des praticiens anglais, le British Medical Journal, et c'est ce qui m'inquiète. Le H-II serait un extrait urinaire préparé par un établissement privé - le laboratoire Hosa, de Sanbury on Thames, et dont le directeur est un certain docteur James Henry Thompson. Lorsqu'une personne, explique Gordon Ward, arrive au terme de sa croissance, elle sécrète des substances inhibitrices qui empêchent cette croissance de se poursuivre. (A suivre...)