Annonce - Les islamistes au pouvoir ont annoncé, ce matin, après un mois de crise politique, accepter de négocier sur la base d'une initiative prévoyant la mise en place d'un gouvernement apolitique. «Le mouvement Ennahda accepte la proposition du (syndicat) UGTT comme point de départ pour résoudre la crise politique dans la pays», a indiqué le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi après une rencontre avec le secrétaire général de la centrale syndicale, Houcine Abassi. «Le mouvement Ennahda a accepté l'initiative de l'UGTT comme base pour le début du dialogue national», a indiqué M. Abassi. L'initiative de sortie de crise formulée par l'UGTT prévoit la mise en place d'un gouvernement apolitique et le maintien de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les deux hommes n'ont pas dit si Ennahda acceptait dès lors un changement de gouvernement et ils n'ont pas répondu aux questions des journalistes. L'opposition a exclu tous pourparlers avec Ennahda tant que le gouvernement n'a pas démissionné et un cabinet de salut national mis en place. Les représentants de l'UGTT ont reçu à la mi-journée ceux du Front de salut national (FSN), une coalition d'opposants, mais cette dernière a une nouvelle fois exclu le principe d'un dialogue avec Ennahda tant que le gouvernement n'avait pas démissionné. «L'opposition considère qu'il n'est pas question d'aller vers un dialogue tant qu'Ennahda n'a pas annoncé la démission du gouvernement et la formation d'un gouvernement (de technocrates) présidé par un indépendant», a déclaré à la radio Mosaïque FM le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi. De son côté , Maya Jribi, une dirigeante du Parti républicain, a insisté sur cette position. «Ce gouvernement est incapable d'assurer la sécurité (...) il faut qu'Ennahda soit conscient de la gravité de la situation et de la nécessité d'accepter un gouvernement de salut national», a-t-elle dit à Shems-FM. «Sur ce fondement un dialogue peut s'ouvrir et on pourra voir les modalités d'élaboration de la Constitution», a-t-elle ajouté. Le FSN a pour sa part prévu une «semaine du départ» à compter de samedi prochain pour arracher, via des manifestations pacifiques, le départ du gouvernement actuel. Le Premier ministre Ali Larayedh a mis en garde mardi contre toute «atteinte aux institutions de l'Etat». Le gouvernement est accusé d'avoir failli sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance jihadiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011. Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà été poussé à la démission après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février.