Résumé de la 2e partie n Malika apprend que Djamila, une voisine et amie de trois ans sa cadette, est demandée en mariage. Elle réalise alors à quel point elle est malheureuse. La mère qui n'avait rien raté de la scène demanda à Malika sur un ton sévère : — Tu ne fais pas cuire la galette que ton père aime tant ? — Non ! répondit-elle en sortant de la cuisine. — Tu es fatiguée ? En refermant avec fracas la porte de sa chambre qui se trouvait à l'autre bout du couloir, elle eut le temps de hurler : — Non, je ne suis pas fatiguée ! J'en ai marre de tout ! Ce n'était qu'une fois qu'il avait fini de dîner que Fodil, un quinquagénaire à qui l'opulence et la réussite avaient épargné les rides et les stigmates du temps, s'aperçut qu'il était à la maison depuis plus d'une heure et qu'il n'avait pas encore vu sa fille Malika. — Tiens ! Où est ma grande ? fit-il brusquement à l'adresse de sa femme. — Ta grande, comme tu dis, est dans sa chambre depuis 13h, lui répondit celle-ci. Depuis sa chambre où elle s'était cloîtrée, la jeune fille entendait parfaitement tout ce qui se disait dans la salle à manger. Elle ne savait pas si c'était son ouïe qui était fine ou si c'étaient les cloisons de l'appartement qui n'étaient pas suffisamment épaisses pour réduire l'infiltration des bruits d'une chambre à une autre. Ce qu'elle avait entendu, en tout cas, avait conforté davantage encore en elle l'idée que son père n'avait de considération que pour sa propre personne dont les plaisirs et les besoins devaient passer avant ceux des autres. Ce n'était qu'une fois qu'il avait mangé à satiété qu'il s'était rendu compte que sa «grande» avait disparu ! Sa grande ! Un terme qu'elle détestait et qui la mettait en boule parce qu'elle l'avait toujours perçu comme signifiant «très âgée» ou encore «vieille fille». — Elle est dans sa chambre depuis 13h ? s'exclama le père qui devait avoir sa tasse de café devant lui maintenant puisqu'il avait mis une bonne trentaine de secondes avant de réagir à ce que lui avait dit sa femme. Fodil qui prenait toujours ses plaisirs au sérieux, restait toujours aussi muet qu'une carpe lorsqu'il se mettait à remuer les deux morceaux et demi de sucre qu'il mettait dans son breuvage rituel après les repas. — Oui ! Depuis treize heures, répondit la mère. — Elle est malade ? — Non ! — Qu'est-ce qu'elle a, alors ? A suivre Tania Hamadi