Constat - «Les pouvoirs publics ont tendance à débloquer des fonds, mais il n'y a pas de halte pour demander ce qui a été fait.» «Après deux ans du lancement du plan d'assainissement de l'industrie manufacturière l'évolution est encore timide et je ne ressens pas un grand changement, pour des raisons multiples.» C'est ce qu'affirme le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir (FNTT/UGTA), Amar Takdjout. Selon M. Takdjout, parmi les problèmes qui freinent cette relance, on peut citer la gestion interne ainsi que tout l'environnement, y compris les mécanismes mis en place dans le cadre de cette nouvelle dynamique de relance industrielle. «Justement, j'interpelle les pouvoirs publics pour exiger une évaluation du secteur. On a tendance à donner de l'argent mais il n'y a pas de halte pour demander ce qui a été fait. Il y a un plan d'assainissement financier qui se fait en effaçant les dettes bancaires, fiscales et parafiscales. La filière a bénéficié d'une enveloppe de plus de 2 milliards de dollars dont 60 % destinés à la dette fiscale et parafiscale. Des projets attendent d'être concrétisés sur le terrain», a-t-il martelé. S'exprimant sur la dynamique opérée sur le terrain, le dirigeant de la FNTT n'a pas manqué d'exprimer son inquiétude quant à la concrétisation effective des engagements annoncés par la tutelle, à la possibilité de dépasser le stade des intentions. «La mise à niveau est tout un plan d'investissement qu'il faut concrétiser ainsi que tout un programme de formation à relancer. La formation pose un problème au regard de la situation des centres de formation et des instituts qui ont été fermés depuis déjà 24 ans, il faut les remettre en marche et puis il ne faut pas perdre de vue que le textile est un métier. On ne peut pas former un tisserand en 24 heures. Cela demande des années de formation. En tant que syndicaliste, j'invite les pouvoirs publics à aller regarder de plus près l'état d'avancement de ce programme de mise à niveau. Je ne suis pas en train de jeter la pierre. Mais l'Etat est actionnaire. Il doit assurer le suivi de l'argent consacré à ce programme et avoir l'œil sur les entreprises publiques. Il faut être vigilant envers les sociétés de gestion (liquidateur) dans leurs prérogatives». Le secteur du textile et du cuir compte environ quelque 18 000 employés à l'échelle nationale. Partenariat public-privé «Il faut alléger les mécanismes» Evoquant les projets de partenariat avec des opérateurs étrangers notamment turcs, Amar Takdjout dira que «les mécanismes mis en place actuellement ne favorisent pas le partenariat public et privé». Le partenaire public est soumis à des règles très lourdes contrairement à l'opérateur étranger privé qui a une large marge de manœuvre et qui n'est pas retenu par des mécanismes rigoureux. Cela risque de bloquer ces entreprises mixtes qui doivent trouver plus de liberté en matière d'importation de la matière première, et ce, pour préserver les marchés publics susceptibles de booster la filière. «Il faut donc alléger les procédures pour redynamiser ces filières industrielles manufacturières», a-t-il conclu.