Les amateurs européens de pistaches iraniennes devraient pouvoir continuer à déguster la petite graine à l'apéritif pendant quelques mois encore, le temps laissé à la République islamique de dissiper de graves inquiétudes sanitaires, selon des responsables et professionnels iraniens. L'Iran était en émoi depuis fin avril. La pistache, fierté de la production traditionnelle nationale avec le tapis et le safran, risquait d'être frappée d'interdit par l'Union européenne. En effet, Bruxelles avait donné 40 jours à l'Iran, premier producteur mondial (45% du marché selon les Iraniens), pour prendre les mesures qui s'imposaient contre les aflatoxines contenues dans ses pistaches. Sous ce nom se dissimule une substance toxique reconnue comme favorisant les cancers du foie et des reins. Elle est produite par des moisissures se développant sur des céréales ou des arachides conservées dans de mauvaises conditions. Les Iraniens savent à quoi ils s'exposent de la part d'Européens qui observent parmi les normes les plus strictes au monde sur l'aflatoxine. En 1997, l'UE avait suspendu les importations iraniennes pendant trois mois après avoir décelé des contaminations 200 fois supérieures à la réglementation. L'enjeu n'est pas moindre. Selon les autorités iraniennes, la pistache a représenté, de mars 2003 à mars, 2004 803 millions de dollars d'exportation, soit 14,5% des ventes de produits non pétroliers, supplantant pour la première fois le tapis.