Résumé de la 15e partie - Alors que Mme Royer s'apprête à lui dire au revoir, Chantal l'invite à venir prendre le thé chez elle. Cette dernière accepte... Chantal quitta la maison «Marcelle et Arnaud», accompagnée jusqu'à la porte par le sourire commercial de la première et saluée, sur le seuil, par la casquette du portier galonné, décoré et étonné, dans la main duquel elle n'hésita pas à glisser un pourboire royal au moment où il ouvrit la portière de la Lancia. L'immeuble où Chantal avait élu domicile était l'un des plus beaux de Paris. Peut-être Chantal n'habitait-elle pas seule ? se demanda la directrice de «Marcelle et Arnaud», au moment où une femme de chambre lui ouvrit la porte sur un long vestibule, revêtu de marbre. La jeune femme attendait Mme Royer dans un charmant boudoir, attenant au grand salon. La physionomie générale de l'appartement indiquait très nettement qu'un décorateur était passé par là... Un décorateur qui avait dû dire : — Mademoiselle, laissez-moi faire... Ici vous-aurez un canapé, là une lampe en fer forgé, dans ce coin, une bibliothèque, les rideaux de la salle à manger seront verts, ceux de votre chambre à coucher bleu pâle. Tout sera prêt pour la date prévue..Vous n'aurez à vous occuper de rien ; ça vous coûtera tant.. Chantal s'était laissé faire. Son appartement était somptueux. Evidemment, ses manières détonnaient parfois au milieu de cette accumulation de luxe. Par exemple, lorsque son ancienne directrice manifesta le désir de faire le tour du propriétaire et que les deux femmes furent dans la salle à manger, Chantal déclara en montrant la table : — Le décorateur m'a conseillé de la choisir en verre ; c'est ce qui «jette le plus de jus». Mme Royer s'était contentée de sourire. Le thé était bien servi. La jeune maîtresse de maison ne manquait pas une occasion de sonner la femme de chambre. A la fin, son invitée n'y tint plus : — Ecoutez, Chantal, voilà dix fois que vous dérangez cette fille pour rien ! Si c'est pour me montrer que vous avez des domestiques, c'est inutile. Je le sais. Ou bien dites-moi tout de suite combien vous en avez et nous n'en parlerons plus. — J'ai un chauffeur, une cuisinière et une femme de chambre, ne put s'empêcher de préciser Chantal, avec une fierté enfantine. Mme Royer n'insista pas, comprenant qu'il faudrait encore de longs mois, peut-être même des années, pour faire de Chantal une femme du monde accomplie. — Quel magnifique chat siamois ! remarqua-t-elle. — Monsieur Iru... Mon plus vieil ami et mon confident. — Ne craignez-vous pas qu'il déchire, avec ses griffes, ce pouf recouvert de soie ? — Qu'est-ce que cela fait ! répondit Chantal. S'il est déchiré, on le remplacera. (A suivre...)