Sa perte attendue aura secoué la planète. Se poser la question de l'avenir de son pays après sa disparition relève de spéculations et d'élucubrations. La question est même provocatrice pour un homme, le plus vénéré du monde d'aujourd'hui, qui a non seulement démantelé l'apartheid en douceur en fondant la "nation arc-en-ciel" et évité les guerres civiles, mais qui a imprégné dans son pays et au sein de ses proches de l'ANC, le principe de l'alternance au pouvoir dans le respect strict de la Constitution. Il aurait pu faire autant de mandats, s'il l'avait souhaité, mais le grand Madiba avait tiré sa révérence après quatre années de pouvoir. Il a instauré l'après-Mandela avant terme, lorsqu'il s'est retiré du pouvoir en 1999, à 81 ans, après n'avoir voulu accomplir qu'un unique mandat. Ce que ses pairs africains lui ont amèrement reproché, car c'est la mauvais exemple pour eux autocrates et adeptes de Constitutions à la mesure de leur appétit pour des règnes jusqu'à leur mort. De ce point de vue, les Sud-Africains sont rassurés : il n'y aura pas de conséquences politiques de son décès. Avec la classe qui l'a caractérisé, il n'a jamais gêné ses successeurs, Thabo Mbeki ou le sulfureux Jacob Zuma. Il est resté silencieux sur la scène intérieure, sauf pour prendre à bras-le-corps la guerre contre le sida. Il a beaucoup voyagé pour promouvoir la vraie culture de tolérance des Africains et défendre leurs droits au développement. Il n'a pas hésité à donner de la voix pour condamner la guerre des Etats-Unis en Irak, critiquer la politique de Robert Mugabe envers les Blancs du Zimbabwe ou encore celle d'Israël envers les Palestiniens. Père et vigie de la "réconciliation interraciale", sa seule présence était une barrière mentale qui a interdit toute dérive raciste. Ici, peut-être qu'il y aurait des dépassements, d'autant que les trois quarts des Noirs vivent au minima. Son mode de vie modeste, fraternel et familial, son bonheur, étaient un modèle pour tous les Sud-Africains frappés par l'argent facile de la corruption, qui prospère dans le pays. Il est parti, son peuple et le monde entier qui l'ont pleuré, continuent de lui rendre hommage jusqu'à sa mise en terre dans son village natal le 15 décembre en présence de tous les chefs d'Etat. L'Afrique du Sud sera d'ailleurs le centre du monde jusqu'à cette date. La semaine nationale de deuil commence ce dimanche par une "Journée nationale de prières et de réflexions", suivie d'hommages locaux, organisés par des municipalités, des branches de l'ANC, le parti au pouvoir, le parti de Mandela, des syndicats, des Eglises... Une cérémonie nationale officielle aura lieu le 10 décembre dans le stade Soccer City (officiellement FNB Stadium) de Soweto, près de Johannesburg. C'est là qu'un Mandela déjà très affaibli avait fait sa dernière apparition publique lors de la finale de la Coupe du monde de football de 2010. Sa dépouille sera ensuite exposée à Union Buildings, du 11 au 13 décembre, pour qu'officiels et anonymes puissent venir lui rendre un dernier hommage. Le père de la "nation arc-en-ciel" sera inhumé le dimanche 15 décembre dans son village de Qunu, où il avait, disait-il, passé les plus belles années de sa vie, et où il désirait reposer aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants. Même si ce dernier point ne fait pas partie du programme officiel, les cérémonies s'achèveront le lundi 16 décembre, "Jour de la Réconciliation", férié en Afrique du Sud, au cours duquel une statue de l'ancien dirigeant doit être érigée devant Union Buildings. Son peuple ne sera pas seul à lui dire adieu, il sera soutenu par le monde entier. Des hommes politiques, dont des chefs d'Etat, anciens ou actuels, des artistes, des dirigeants spirituels venus de toute la planète se joindront aux Sud-Africains pour célébrer la mémoire Nelson Mandela, champion des opprimés, modèle de gouvernance pour les sociétés en quête de démocratie et de libertés. D. B Nom Adresse email